Marouan Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, fait partie de la délégation tunisienne partie à Washington pour négocier un prêt de 4 milliards de dinars auprès du FMI.
Abassi n’est pas parti les mains vides. Le gouverneur va lui aussi présenter le plan de l’institut d’émission pour soutenir la relance économique du pays. La libéralisation des changes représente une partie intégrante de ce document.
“Le parachèvement de la libéralisation extérieure de l’économie tunisienne ressort aujourd’hui comme un levier déterminant pour recouvrer la croissance”, lit-on dans le document. Le parachèvement de libéralisation des relations financières avec l’extérieur pourrait ainsi contribuer fortement au renforcement des flux de capitaux nécessaires au financement des réformes et l’investissement et à l’accélération la dynamique d’internationalisation des entreprises tunisiennes pour une meilleure compétitivité de l’économie nationale.
Mais, autant le processus de déréglementation des changes est opportun, autant il doit être graduel et ne peut pas se substituer aux politiques macroéconomiques d’ajustement, notamment en présence de fondamentaux dégradés. Comme il est établi, les bienfaits attendus de la libéralisation financière externe ne sont pas automatiques et sont conditionnés par le niveau de développement financier, la stabilité du cadre macro-économique et la qualité des institutions, et ce tout en tenant compte des nouvelles interdépendances financières internationales révélées, notamment par l’après-crise financière mondiale.
Au-delà de l’accompagnement macro-économique et macro-financier de la libéralisation financière, se pose aussi la question du gradualisme, c’est-à-dire des étapes à suivre et des conditions à respecter dans un tel processus de libéralisation. Cela suppose une mise en œuvre coordonnée des mesures de libéralisation du compte de capital et des réformes rendues nécessaires au sein du système financier, couplée avec un agenda dans le choix des divers types de flux de capitaux, conduisant à un phasage du processus de libéralisation en fonction des risques macro-économiques et macro-financiers adossés à chacun d’entre eux.
Le nouveau programme avec le FMI offrira un cadre idoine pour le parachèvement de la libéralisation extérieure de l’économie tunisienne. Étant donné la complexité de l’œuvre, mais aussi notre détermination à parachever la libéralisation des relations financières avec l’extérieur selon une démarche cohérente et ordonnée, jalonnée par tous les garde-fous nécessaires, le nouveau programme avec le FMI offre un cadre approprié pour parachever la libéralisation extérieure de l’économie tunisienne et de s’assurer d’un soutien financier ciblé de la part du Fonds pour accompagner les séquences de libéralisation les plus délicates, notamment celles portant sur le compte capital vu les risques qu’elles peuvent occasionner sur la stabilité des changes et les réserves en devises.