Sans une presse libre, la jeune démocratie tunisienne ne pourra plus progresser. C’est un rempart contre la culture d’autoritarisme, encore enracinée dans l’esprit de plusieurs personnes. Les tunisiens sont aujourd’hui fiers de la liberté dont ils jouissent, bien qu’elle ne respecte pas parfois certaines limites, ce qui ouvre la porte à ceux qui veulent l’attaquer.
Une presse indépendante permet aux citoyens de rester informés des actions de leur gouvernement, créant ainsi un forum pour le débat et l’échange ouvert d’idées. Nous avons l’exemple des débats sur l’économie, auparavant rares, mais qui ont permis à une grande partie de la population d’avoir un minimum de culture financière.
Le plus grand danger reste les Fake News qui entravent les efforts pour informer. La presse est, de facto, le seul mécanisme dont dispose le public pour obliger les responsables à rendre des comptes. La multiplication des fausses nouvelles et le mauvais choix des chroniqueurs ou des invités. Si les gens ne croient pas les grands médias qui sont dignes de confiance, ils ne croiront plus les journalistes s’ils publient des preuves de corruption ou d’activités illégales. C’est la situation troublante dans laquelle nous pourrions nous trouver si les Fake News deviennent dominantes.
Et derrière tout cela, il y a un enjeu économique de premier plan. La perte de crédibilité conduira à moins d’investissements publicitaires et de revenus. Il se peut que le grand public tunisien soit assez particulier, avec très peu de temps consacré à la lecture et une très forte consommation des informations à travers les réseaux sociaux. Cependant, le choix d’investir en publicité reste celui des annonceurs qui peuvent choisir des supports plutôt sérieux même s’ils ont moins de cote auprès du public.
C’est le concept de la publicité responsable qui a la capacité de changer radicalement la qualité du contenu en Tunisie. Il faut que les entreprises soient fortement convaincues de cette démarche car si le retour sur investissement publicitaire est faible, c’est la pérennité de la société qui est engagée. Atteindre le plus grand nombre de clients potentiels ne passe malheureusement pas par le contenu sérieux, mais par celui le plus critiqué.
Si les médias sérieux pouvaient avoir accès à des recettes publicitaires importantes, ils pourraient garder leur indépendance et produire une presse de qualité qui ne se plie pas devant une administration, quel que soit le parti auquel elle appartient.