La grande distribution est l’un des secteurs les plus affectés par les conséquences de la crise sanitaire. Non seulement les magasins ne peuvent plus ouvrir leurs portes durant les horaires habituels, mais le respect de certains protocoles les a obligés à réduire le nombre de clients qui circulent concomitamment par point de vente. L’effet ne peut être qu’une baisse du chiffre d’affaires des deux enseignes cotées à la Place de Tunis (Monoprix et Magasin Général). Nous allons combiner leurs performances et analyser les tendances observées durant le premier trimestre 2021.
Les ventes doivent être interprétées avec prudence car le mois de mars 2020 était marqué par des achats massifs de la part d’une population inquiète du confinement. Depuis, le rythme de consommation a régressé et le chiffre d’affaires moyen par point de vente sur le premier trimestre 2021 était de 637 414 TND contre 688 184 TND sur la même période en 2020. C’est quasiment la même performance enregistrée en 2014 !
En termes de marge brute, elle est passée de 17,36% fin mars 2020 à 17,24% une année plus tard. C’est également attendu pour deux raisons. La première est la tendance négative de l’inflation qui a reculé sur la même période. La seconde concerne la composition du panier moyen. Avant le confinement, les tunisiens étaient prêts à acheter tous les produits alimentaires, même les plus chers et ceux qu’ils ne consommaient pas auparavant. La tendance actuelle, marquée par la baisse de la demande et le recul de diversification du panier, ne peut que mettre de la pression sur les marges.
Pour garder leur profitabilité, le management des grandes enseignes tente de jouer sur la productivité. L’effectif moyen par magasin continue sa baisse. Actuellement à 35 personnes par point de vente, ce chiffre était de 39,4 fin mars 2020. En 2015, il était de 46,5. Ainsi, le chiffre d’affaires par employé s’est amélioré sur le premier trimestre 2021 de 4,2% en rythme annuel à 18 204 TND.
Globalement, la grande distribution devrait afficher une amélioration progressive de ses performances au deuxième trimestre car un effet inverse serait observé, avec un mois d’avril et de mai beaucoup mieux que l’année précédente. Reste la question des marges qui restent difficiles à faire bouger car elles dépendent d’une situation économique globale et d’un pouvoir d’achat effrité.