Règle n°1: Tenez-vous droit, les épaules en arrière
Les pauvres et les stressés meurent toujours les premiers et en plus grand nombre. Ils sont également beaucoup plus sensibles aux maladies non infectieuses, telles que le cancer, le diabète et les maladies cardiaques. Quand l’aristocratie prend froid, comme on dit, la classe ouvrière meurt de pneumonie.
Le conflit, à son tour, génère un autre problème: comment gagner ou perdre sans que les parties en désaccord engagent un coût trop élevé. L’exemple du homard est édifiant en ce sens. Lorsqu’il gagne, le taux de sérotonine (hormone du bonheur) s’accroît et celui de l’octopamine baisse, ce qui le rend arrogant et beaucoup moins susceptible de reculer lorsqu’il est défié. Une sérotonine élevée avec faible octopamine caractérise le vainqueur.
La configuration neurochimique opposée, c’est-à-dire un taux plus élevé d’octopamine par rapport à celui de la sérotonine, produit une sorte de homard vaincu, froissé, inhibé, retombant, rampant, très susceptible de fuire et de disparaître dès les premiers signes d’un problème. C’est dire que le mâle dominant, avec sa posture droite et confiante, bénéficie non seulement du meilleur emplacement mais aussi d’un accès plus facile aux meilleurs terrains de chasse. Il obtient également toutes les “filles”.
Il est exponentiellement plus intéressant de réussir, si vous êtes un homard et un mâle. Les gens, comme les homards, se mesurent les uns les autres, en partie de par leur position. Si vous vous présentez comme un vaincu, les gens vous traiteront comme tel. Si par contre vous vous redressez, les gens vous regarderont et vous considéreront différemment.
Règle n°2: Ayez de la bienveillance pour vous-même
Les gens sont plus enclins à administrer correctement les médicaments sur ordonnance à leurs animaux qu’à eux-mêmes. En tout cas, notre perception de la vie est purement subjective et s’apparente plus à un roman ou à un film qu’à une description scientifique de la réalité physique. C’est le drame de l’expérience vécue – la mort unique, tragique et personnelle de votre père, comparée à la mort objective inscrite dans les dossiers de l’hôpital; la douleur de votre premier amour; le désespoir des espérances déçues; la joie qui accompagne le succès d’un enfant.
Le monde de l’expérience détient des éléments dont les interactions définissent le drame et la fiction. L’un d’eux est le chaos. L’autre est l’ordre. Le troisième (car il y en a trois) est le processus qui sert d’intermédiaire entre les deux, qui semble identique à ce que les gens modernes appellent la conscience. C’est notre éternelle soumission aux deux premiers qui nous fait douter du but de notre existence.
Règle n°3: Ayez comme amis des personnes qui veulent ce qu’il y a de mieux pour vous
Qu’est-ce qui se passe si on place un adolescent délinquant parmi des pairs relativement civilisés ? La délinquance se propage, pas la stabilité. La descente est beaucoup plus facile que la montée. Et si, en plus, vous pensez que les choses terribles ne sont pas provoquées par la victime, vous niez le rôle qu’a eu cette personne dans sa vie passée (et, par conséquent, dans le présent et le futur également).
De cette manière, vous lui enlevez tout pouvoir. Ne pensez pas qu’il est plus facile de s’entourer des bonnes personnes se portant bien que des personnes en mauvais état. Ce n’est pas vrai. Une personne bonne et en bonne santé est un idéal. Il faut de la force et de l’audace pour se tenir debout près d’une telle personne. Ayez de l’humilité. Ayez du courage. Utilisez votre jugement et protégez-vous aussi de la compassion et de la pitié que d’une atrophie de critiques.
Règle n°4: Comparez-vous à qui vous étiez hier, pas aux autres
Peu importe votre niveau d’expertise ou vos réalisations, il y a certainement quelqu’un qui vous fait paraître incompétent. Et même si c’était le cas, certains se résignent dans le déni: “Après tout, qui le verra dans un million d’années ?” On voudrait se laisser aller à l’idée que tout n’a pas de sens. Il y aurait toujours un horizon temporel pour lequel rien n’importe.
La réalité est que plus on avance dans la vie, plus on se prête à plusieurs jeux. Il y en a qui correspondent à vos talents, vous engagent de manière productive avec d’autres personnes, et vous permettent de vous améliorer au fil du temps. Soyez-en conscients !
Règle n°5: Ne laissez pas vos enfants faire quelque chose qui vous les ferait détester
Les enfants de deux ans, statistiquement parlant, sont les plus violents. Ils donnent des coups de pied, frappent, mordent et volent les biens d’autrui. Ils le font pour explorer, pour exprimer leur indignation et leur frustration et pour satisfaire leurs désirs impulsifs. Plus important encore, pour nos besoins, ils le font pour découvrir les véritables limites du comportement permis.
Sinon, comment vont-ils jamais comprendre ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas? Les nourrissons sont comme des aveugles à la recherche d’un mur. Ils doivent aller de l’avant et tester pour voir où se situent les limites réelles (et celles-ci sont trop rarement là où elles sont censées être).
Les enfants font cela fréquemment. Les parents effrayés pensent qu’un enfant qui pleure est toujours triste ou blessé. Ce n’est tout simplement pas vrai. La colère est l’une des causes des pleurs les plus courantes. Une analyse attentive des schémas musculaires des enfants qui pleurent l’a confirmé. Les pleurs de colère sont souvent un acte de domination et doivent être traités comme tels.
Règle n°6: Rangez parfaitement votre maison avant de critiquer les autres
Le succès nous rend complaisant. Nous oublions de faire attention. Nous prenons ce que nous avons pour acquis. Nous fermons les yeux. Nous ne remarquons pas que les choses changent ou que la corruption prend racine. Et tout s’écroule. Est-ce la faute de la réalité ? Ou est-ce que les choses s’effondrent parce que nous n’avons pas prêté suffisamment d’attention ? Un ouragan est un acte de Dieu. Mais échouer à se préparer alors que la nécessité de se préparer est bien connue, c’est un péché.
Commencez par arrêter de faire ce que vous savez être faux. Dès aujourd’hui! Ne perdez pas de temps à vous demander comment avez-vous su que ce que vous faites est mal, si vous en êtes certain.
Règle n°7: Poursuivez ce qui a du sens (pas ce qui est opportun)
Si un enfant refuse et craint toujours de partager, c’est parce qu’il le confond avec donner. À vrai dire, partager ne signifie pas donner quelque chose qui vous tient à cœur et ne rien recevoir en contrepartie. Partager signifie, proprement, initier le processus d’échange. Un enfant qui ne peut pas partager – qui ne peut pas échanger – ne peut pas avoir d’amis, car avoir des amis est aussi une forme d’échange. Ceux qui réussissent parmi nous négocient avec l’avenir. Quelle est finalement la différence entre le succès et l’échec ? La réussite est un sacrifice qui a finalement abouti.
Règle n°8: Dites la vérité, ou du moins ne mentez pas
Peterson indique avoir vu des gens définir leur utopie et ensuite ne lésinent pas sur les sacrifices, voire même vouloir forcer le destin pour en faire une réalité. À titre d’illustration, un étudiant de gauche avec des convictions anticonformistes, anti-autorité qui va passer les vingt prochaines années à travailler s’agresse de vouloir renverser le sens des moulins à vent de son imagination.
Cependant, des chercheurs ont récemment découvert que de nouveaux gènes dans le système nerveux central s’activent lorsqu’un organisme est placé (ou se place) dans une nouvelle situation. Ces gènes codent pour de nouvelles protéines. À leur tour, celles-ci sont les éléments constitutifs de nouvelles structures dans le cerveau. Vous êtes alors en éternel recommencement et renaissance.
Règle n°9: Supposez que la personne que vous écoutez peut savoir quelque chose que vous ne connaissez pas
Si vous écoutez sans jugement prématuré, les gens vous diront généralement tout ce qu’ils pensent – et avec très peu de tromperie. Les gens vous révéleront les choses les plus étonnantes, absurdes et intéressantes. Très peu de vos conversations seront ennuyeuses. (Vous pouvez en fait dire si vous écoutez réellement de cette manière. Si la conversation est ennuyeuse, vous ne l’écouterez probablement pas).
Règle n°10: Soyez précis dans votre discours
Votre discours est un outil mis à votre disposition que vous utilisez pour persuader les gens à faire ce dont vous avez besoin et/ou envie. Et comme tout autre outil, il faut l’utiliser avec précision. Être précis dans votre discours vous pousse à mieux voir les choses, à être plus rigoureux dans vos analyses, même si celles-ci ne sont pas exprimées oralement.
Règle n°11: Ne dérangez pas les enfants lorsqu’ils font du skateboard
Bien sûr, c’est dangereux. Le danger est même l’objectif. Ils voulaient d’ailleurs le vaincre. Ils auraient été plus sûrs en mettant des équipements de protection, mais cela les aurait ruinés. Ils n’essaient pas d’être en sécurité. Ils essaient de devenir compétents – et c’est la compétence qui rend les gens aussi sûrs qu’ils peuvent l’être. Lorsqu’ils ne sont pas bloqués – et encouragés – nous préférons vivre à la limite. Là, nous pouvons encore être à la fois confiants dans notre expérience et affronter le chaos qui nous aide à nous développer.
Nous sommes programmés, de cette façon, pour profiter du risque (certains plus que d’autres). Nous nous sentons revigorés et excités lorsque nous travaillons à optimiser nos performances futures, tout en œuvrant dans le présent. Sinon, nous traînons, comme des paresseux, inconscients, non formés et insouciants. Surprotégés, nous échouerons lorsque quelque chose de dangereux, d’inattendu et plein d’opportunités fera soudainement son apparition.
Toute hiérarchie crée des gagnants et des perdants. Les gagnants sont, bien entendu, plus susceptibles de justifier la hiérarchie et les perdants de la critiquer. Mais (1) la poursuite collective de tout objectif valorisé produit une hiérarchie (car certains seront meilleurs et d’autres pires dans cette poursuite, peu importe ce qu’elle est) et (2) c’est la poursuite d’objectifs qui en grande partie donne à la vie son maintien du sens.
Règle n°12: Caressez un chat lorsque vous en rencontrez un dans la rue
Tout le monde rêve de se réveiller un jour pour découvrir qu’on a acquis une superpuissance qui fait de nous une personne invincible et qui nous aide à surmonter les obstacles de la vie. Mais serait-ce vraiment bénéfique ? Nos limites ne sont-elles pas ce qui nous motivent pour lutter, essayer de s’améliorer et avancer dans la vie. C’est peut-être pour cela qu’il ne faut pas s’aimer malgré nos faiblesses, mais qu’on s’aime à cause de nos faiblesses.