L’édition 2021 du rapport mondial sur le progrès des énergies renouvelables dans les villes de REN21 montre qu’un milliard de personnes vivent dans des villes avec un objectif ou une politique en matière d’énergie renouvelable. Le nombre de villes qui ont imposé des interdictions partielles ou complètes des combustibles fossiles a quintuplé en 2020. Avec un accent particulier sur l’Afrique subsaharienne, le rapport montre qu’en dépit de nombreux défis, les gouvernements municipaux de la région ont pris des mesures importantes pour faire progresser le déploiement d’énergies renouvelables.
La population urbaine de l’Afrique a été multipliée par plus de 16 entre 1950 et 2018, passant de 33 millions à 548 millions, et cette croissance urbaine rapide a été et reste un facteur clé de la demande croissante d’énergie. Les villes d’Afrique subsaharienne reconnaissent de plus en plus les opportunités liées à l’utilisation des énergies renouvelables pour améliorer l’accès à l’énergie, réduire la pauvreté énergétique et renforcer la résilience et la fiabilité des systèmes électriques existants.
Les gouvernements municipaux jouent un rôle clé dans le façonnement du paysage énergétique. Au moins 19 villes, dont Cape Town (Afrique du Sud) et Kampala (Ouganda) ont mis en place des objectifs en matière d’énergie renouvelable, et 34 villes ont des politiques spécifiques. De nombreuses villes de la région ont rejoint des initiatives mondiales d’énergie propre. Par exemple, les signataires de la Convention des maires en Afrique subsaharienne (CoM SSA) se sont volontairement engagés à mettre en œuvre des actions climatiques et énergétiques dans leurs communautés. Le programme Climate Action Planning Africa, dirigé par C40 Cities, rassemble 11 mégapoles d’Afrique subsaharienne qui se sont engagées à devenir zéro carbone net d’ici 2050.
Les ambitions locales ont conduit à des résultats positifs
Le rapport met en lumière les réalisations de cinq villes très différentes et représentatives: Cape Town (Afrique du Sud), Dakar (Sénégal), Kampala (Ouganda), Tsévié (Togo) et Yaoundé IV (Cameroun).
Cape Town a été un pionnier en fournissant un accès à l’énergie plus abordable et plus sûr et en réduisant l’empreinte carbone de la ville. En 2017, la ville a entamé une contestation judiciaire avec le gouvernement national pour lui permettre d’acheter de l’électricité auprès de producteurs d’électricité indépendants (IPP) et de ne pas se limiter à acheter de l’électricité au charbon à Eskom. En 2019, Cape Town avait la plus forte concentration de systèmes solaires photovoltaïques enregistrés sur les toits du pays.
Dakar abrite 50% de la population urbaine du Sénégal. Dans le cadre du programme de leadership des villes C40, Dakar s’est engagé à être zéro carbone net d’ici 2050. Le plan de transport de la ville articule trois projets d’infrastructure ambitieux – train, bus et transport routier – avec un objectif commun d’augmenter la part de l’électrification et de réduire la dépendance aux combustibles fossiles dans ces trois modes de transport tout en réduisant la pollution atmosphérique d’ici 2030.
La demande énergétique de Kampala est dominée par le secteur des transports, les modes de transport inefficaces entraînant la congestion de la ville. Le programme de mobilité SMART a permis la réussite de partenariats public-privé, qui ont abouti en 2020 à l’utilisation de plus de 200 motos électriques nouvelles et modernisées pour les transports publics. La montée en puissance de la mobilité électrique à Kampala est un bon exemple de la manière dont ces relations peuvent être mises à profit pour faire progresser l’agenda des énergies renouvelables au niveau de la ville.
Tsévié a mis en place un programme énergétique municipal de trois ans pour favoriser l’accès local à l’énergie et le développement. Dans le cadre de ce programme phare, la municipalité vise à atteindre ses ambitions de développement durable dans quatre domaines stratégiques: 1) utilisation durable de la biomasse, 2) déploiement de l’énergie solaire photovoltaïque distribuée sur les toits, 3) adoption accrue des motos électriques et 4) transfert modal vers les transports en commun.
La ville de Yaoundé IV a déployé un projet-pilote en 2019 pour faire passer les ménages du GPL au biogaz, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre. Le succès du projet a ouvert la voie à des programmes similaires, notamment Énergie Plus, qui vise à construire une usine de biogaz à l’échelle industrielle pour fournir de l’électricité à Yaoundé IV et ses environs.
Les énergies renouvelables à faible coût peuvent être un levier clé pour booster la croissance économique
En plus de fournir aux villes d’Afrique subsaharienne un meilleur accès aux services énergétiques modernes, les énergies renouvelables offrent également d’importants avantages secondaires tels que la réduction de la pollution atmosphérique, l’atténuation du changement climatique, la création de zones urbaines plus vivables et l’amélioration des services de base. Cependant, les gouvernements municipaux de la région font face à de nombreux obstacles au déploiement des énergies renouvelables. Les principaux défis comprennent la politique et la réglementation, les réseaux et infrastructures sous-développés, les arrangements instables avec les acheteurs, l’accès aux marchés financiers, les besoins en données et la capacité technique.
Bien que les autorités municipales d’Afrique subsaharienne aient une influence limitée sur les infrastructures et les services, elles peuvent toutes prendre des mesures pour encourager le déploiement local des énergies renouvelables. Le développement de voies à faible émission de carbone nécessite de multiples collaborations entre un large éventail de parties prenantes, y compris les décideurs politiques nationaux. Comme l’illustrent les cinq études de cas, le leadership progressif a produit des résultats positifs pour le déploiement des énergies renouvelables.