« Nous n’allons pas réinventer la roue ! » Cette formule reprise par la plupart des intervenants au séminaire résume ce que nous attendons de l’implication de la Tunisie en matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE) : se mettre d’accord sur les règles du jeu et les institutions internationales nous accompagneront pour que la RSE devienne une locomotive économique.
Bien sûr, personne ne peut court-circuiter la nécessité de mener des études car celles-ci fournissent une base de départ et montrent comment avancer, mais le plus intelligent est d’apprendre des autres ; une forme intelligente du copier-coller en somme, enfin presque. La seconde vérité, insistent encore les séminaristes, est de ne pas focaliser la RSE sur l’environnement, car la formation est très importante : quand on sensibilise tout le monde, on arrive à des résultats !
Selon Jouheina Gharibi, directrice exécutive du réseau local Pacte Mondial, la RSE n’est pas uniquement une amélioration d’image, ni une campagne de volontariat. En vérité, il y a un message capital à faire passer : « Il y a un rôle de premier plan pour les banques : amélioration des conditions sociales, habitat, réduire le fossé entre les régions… et c’est là que la RSE est essentielle. »
Elle est soutenue en cela par Alissar Chaker, représentante résidente adjointe PNUD Tunisie, qui évoque une notion de Gagnant-Gagnant dans le sens de promouvoir les investissements à valeur ajoutée pour la communauté, encourager la créativité, passer d’un système de production linéaire à un système circulaire en repensant les produits financiers et la manière de promouvoir l’investissement. « Le PNUD travaille à des modèles de production plus inclusifs en Tunisie ; nous avons des conventions avec Attijari Bank sur la promotion de l’entrepreneuriat, l’inclusion de jeunes et des femmes, et nous travaillons avec l’APTBEF à promouvoir des technologies plus sobres en carbone et aider l’économie tunisienne verte ; et ceci avec le gouvernement sur le financement des ODD », souligne-t-elle.
Boutheina Ben Yaghlane, DG de la Caisse des dépôts et consignation (CDC), propose une approche très systématique en trois messages : « Premier message ; la CDC est une institution publique responsable engagée RSE en termes de parité hommes-femmes, de cohésion sociale. Second message, nous sommes la première institution publique tunisienne labellisée RSE et le développement durable est devenu un enjeu majeur pour notre métier d’investisseur. Ce qui nous permettra de jouer un rôle de levée de fonds, c’est que nous nous sommes alignés sur les critères internationaux d’éligibilité RSE. Troisième message ; nous sommes un investisseur long-terme et nous avons proposé des solutions dans ce sens avec le Fonds de développement régional lancé depuis 2012, une ligne budgétaire pour favoriser le financement des PME dans les régions, ralentir le plus l’impact de post-pandémie et nous sommes en cours de levée de fonds impact où nous visons mille startups, dix mille nouveaux emplois, et pourquoi pas une licorne tunisienne. »
Mouna Saïed, représentante de l’APTBEF, déploie beaucoup d’optimisme dès ses premiers mots et estime que tout a été dit, ou presque. Seulement, elle tient à rester concrète : « En sortant de ce séminaire, il faut que l’on soit d’accord sur quelques points. L’APTBEF ne cesse de mettre en valeur le facteur RSE mais nous avons besoin de plus d’indicateurs, de plus d’échanges entre les banques et les associations, et nous avons une équipe qui accompagne les banques pour une démarche RSE. J’ai un seul message : échangeons sur les bonnes pratiques et sortons avec des recommandations sur la démarche RSE. »