
Le montant total des prêts accordés aux agriculteurs a plus que doublé entre 2010 et 2020. C’est ce qu’a révélé Marouan Abassi, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, lors de son intervention au Comité de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, du commerce et des services connexes.
D’après Abassi, le montant total des prêts contractés par les agriculteurs est passé de 1.5 milliard de dinars en 2010 à 3 milliards de dinars en décembre 2020. Le gouverneur de la Banque centrale a révélé aussi que l’endettement total du secteur, y compris les financements indirects, a atteint, à fin 2020, les 7.165 milliards de dinars. “C’est le deuxième secteur le plus endetté après le tourisme”, a affirmé Abassi. Et d’ajouter: “Il faut que des mesures urgentes soient mises en place pour sauver le secteur”.
Quid des banques coopératives ?
Pour Moez Belhaj Rhouma, député d’Ennahdha et président du Comité, les banques coopératives peuvent être la solution aux problématiques de financement auxquelles font face les agriculteurs. Ces banques, énoncées par l’article 15 de la loi sur l’Économie sociale et solidaire, auraient pour mission de financer les projets sociaux et solidaires. “Un comité de pilotage oeuvre actuellement sur la mise en place des textes d’applications de ces banques”, a souligné Belhaj Rhouma. “Le deadline pour la parution de ces textes a été fixé pour le 30 juin 2021”, a-t-il ajouté.
D’après le député, “la disponibilité de lignes de financement préférentielles est l’un des plus grands obstacles” pour la création de banques coopératives.
De son côté, Abassi a souligné la nécessité d’assurer les conditions nécessaires pour la réussite de ces banques. Pour le gouverneur de la Banque centrale, il est d’abord important de développer le modèle économique de ces banques et d’étudier les mécanismes qui vont assurer la complémentarité entre ces banques et les institutions financières classiques. “Nous devons également assurer la pertinence des normes de gouvernance et de la gestion prudentielle”, a-t-il ajouté.
Le gouverneur a affirmé lors de son intervention que la Banque centrale est bel et bien consciente de l’importance de ce mécanisme et l’impact qu’il a eu des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas. Toutefois, Abassi a insisté à ce que le cadre réglementaire devra tenir en considération des spécificités du marché local. “Il faut que ces banques offrent les financements qui répondent aux besoins des agriculteurs tunisiens”, a-t-il ajouté.