Les défis que les banques africaines ont à relever se sont amplifiés avec la crise de la Covid a noté Alain Lenoir, fondateur et conseiller spécial du président du Club des Dirigeants des banques et établissements de crédit d’Afrique.
Lenoir est intervenu lors d’un webinar organisé par le Club à l’occasion de la parution d’un nouvel ouvrage “Banque africaines: les nouveaux défis” par le Laboratoire des idées.
L’un des défis les plus importants auquel doivent faire face les banques du continent est, selon Lenoir, la montée des défauts de paiement. Le fait qu’un grand nombre de particuliers ont perdu leurs sources de revenus, et que plusieurs entreprises passent par une période difficile va, selon l’expert, donner naissance à la montée des contentieux des crédits consentis.
Face à cette situation, les banques pourraient rencontrer des difficultés pour obtenir certains ratios prudentiels, notamment le ratio de solvabilité, a prévenu Alain Lenoir, et ce, “même si les banques centrales sont, à ce jour, encore moins exigeantes”.
Certaines de ces banques seraient ainsi appelées à la recherche de nouveaux partenaires. “Mais ce ne sera toujours pas facile”, a affirmé l’expert. La montée des contentieux rend aussi plus difficile l’obtention de crédits par les entreprises notamment par les PME, “soit par crainte des banques de ne pas être remboursées, soit par défaut de liquidité”, a affirmé Lenoir.
La réduction de l’épargne des nationaux vivant à l’étranger durant la période de la crise est un autre défi auquel doivent faire face les banques du continent. Cette épargne, rappelle Lenoir, constitue une part importante des ressources des banques africaines. “D’où la nécessité, plus que jamais, de capter l’épargne des africains qui doit rester plus en Afrique”, a-t-il ajouté.
Le retrait des banques européennes du continent et la faible appétence des banques marocaines pour l’investissement en Afrique représente un autre défi pour le secteur bancaire en Afrique. Cela dit, Lenoir estime que ce phénomène pourrait représenter une opportunité pour les banques d’Afrique subsaharienne. Ces dernières pourraient ainsi renforcer leur implantation dans le continent. “Avec une réglementation temporairement adaptée aux circonstances, notamment dans le domaine de l’obtention des ratios de solvabilité, de liquidité et de celui de la conformité, les banques africaines ont des chances de pouvoir progresser”, a noté l’expert.