Même après son limogeage, Olfa Hamdi continue à faire couler de l’encre. C’est une affaire qui doit nous rappeler que la situation critique des entreprises publiques n’est autre que le résultat d’une mauvaise gouvernance. Indépendamment de la qualité du management de la dame, elle s’est comportée de la façon dont elle pensait bonne pour la réalisation des objectifs de la société. Nous ne doutons pas de sa bonne volonté de sauver la société car cela aurait été un grand challenge pour sa carrière. D’ailleurs, celui qui est capable de résoudre le casse-tête de Tunisair est capable de gouverner aisément la Tunisie d’aujourd’hui. En réalité, le péché originel était plutôt dans sa nomination.
Comment les dirigeants des principales entreprises publiques sont-ils désignés ? À la tunisienne, il y a plusieurs possibilités : appartenance politique, lobbying, renvoi d’ascenseur et accessoirement compétence. C’est une réalité que personne ne peut nier.
Dans les pays et les sociétés qui se respectent, les choses se passent autrement. Il y a des comités qui émettent à l’attention du Conseil d’Administration d’une entreprise des avis, propositions et recommandations dans leurs domaines de compétences. Parmi les comités phares, il y a celui de nomination, de préférence composé d’indépendants pour des décisions objectives, loin des pressions.
Parmi les principales missions classiques d’un comité de nomination, il y a le processus de sélection du Président du Conseil et du Directeur Général. Ce fonctionnement permet d’éviter le vide dans les postes clés de l’entreprise et d’assurer une continuité dans la gestion des affaires courantes. Toutes les nominations sont ainsi justifiées, et les curriculum-vitae des dirigeants ciblés sont vérifiés et validés. En parallèle, un comité de rémunération formule les salaires de tous les membres du Conseil et des directeurs exécutifs, selon le profil et les moyens disponibles.
Une telle transparence et fluidité dans le fonctionnement auraient évité tout ce que nous avons vécu dans le dossier Tunisair. Le poste est resté vacant pour des mois, avec le refus d’un autre candidat de prendre les rênes de la compagnie à cause de la faible rémunération, une honte dans le monde du transport aérien. Les responsables qui l’ont désigné se sont attirés les foudres des critiques et sont aujourd’hui en position de faiblesse par rapport à l’UGTT. Ils n’ont plus droit à l’erreur dans la prochaine nomination et quelque soit le futur Président-Directeur Général, il fera profil bas face aux syndicats.
Le perdant dans toute cette affaire n’est autre que la compagnie elle-même qui agonise au vrai sens du terme. Ce qui intéresse les employés n’est pas l’identité du premier responsable, mais l’arrivée de leurs salaires aux dates prévues. Le reste c’est du détail qui importe peu.