La digitalisation des transactions économiques s’est accélérée en 2020, en Tunisie. Il s’agit de l’un des rares effets positifs de la pandémie dans une année cauchemar.
L’utilisation des chèques a fortement reculé sur les dix premiers mois de 2020, aussi bien en nombre qu’en volume. Alors que 21 755 800 chèques ont été émis durant cette période en 2019, ce chiffre est passé à 18 424 700 seulement en 2020, soit un recul de 15,3%. En volume, c’est une baisse de 11% à 74,509 milliards de dinars. Mais l’élément intriguant est la hausse de la taille moyenne du chèque qui est désormais de 4 044 dinars contre 3 847 dinars.
Même tendance pour les effets qui ont accusé un recul de 18,4% à 1 430 400 effets pour un volume total de 20,213 milliards de dinars. La taille moyenne a également augmenté de 12 654 dinars en 2019 à 14 131 dinars en 2020.
Ces chiffres ne sont pas contradictoires. Ils témoignent des difficultés économiques de la Tunisie avec le recul du nombre de transactions, mais reflètent également l’efficacité grandissante des efforts du decashing avec une taille moyenne plus importante. Cette thèse est corroborée par le volume des virements qui a progressé de 3,5% à 30,570 milliards de dinars sur la période. La taille moyenne d’un virement reste encore petite, à 1 245 dinars, mais elle s’est inscrite sur une tendance haussière.
Par ailleurs, le recours à l’utilisation des cartes bancaires a baissé de 5,8%. Le nombre de transactions s’est établi à 71 993 200 sur les dix premiers mois de 2020, soit 4 412 000 transactions en moins par rapport à 2019. En revanche, le recours aux paiements électroniques a explosé : +43,8% en nombre d’opérations à 3 353 800, mais ces chiffres sont à interpréter avec prudence.
Le volume de ces transactions s’est élevé à 195,5 millions de dinars, ce qui nous donne une taille moyenne par transaction de 58,2 dinars contre 79,3 dinars une année auparavant. C’est très significatif et montre que les achats en ligne se sont focalisés sur l’alimentaire au détriment des autres produits. Bien évidemment, cela reste à relativiser car il y a une bonne partie des plateformes qui acceptent le paiement à la livraison. Nous ne pouvons trancher qu’après la divulgation d’une information clé, à savoir le chiffre d’affaires global de ces sites, tous moyens de paiement confondus.
Les sites du e-commerce, qui se sont multipliés, se partagent donc encore peu de volume. La route vers une digitalisation plus généralisée de notre quotidien est encore longue. Les startuppeurs sont donc prévenus. Il faut être très convaincant pour que les clients utilisent leurs cartes de crédit.