Avec ses inspirations uniques et profondes, les artistes ont une singularité et une identité bien particulières. À travers un élan enthousiaste, des âmes sont découvertes grâce à un foisonnement d’idées et de projets. Luxe, art, artisanat et design ont en commun des valeurs que nous allons essayer de démêler.
Petits éclairages des concepts Art – Artisanat – Design
De l’art de l’espace à l’art du langage en passant par le visuel, le quotidien, le son et le spectacle vivant… L’art est partout. En effet, l’ancrage historique qu’occupe l’art dans nos activités marchandes (dont fait d’ailleurs partie une large part des activités culturelles) est souvent incompris suscitant, dans les milieux culturels les plus traditionalistes, des interrogations sur sa compatibilité avec les spécificités socioculturelles du pays. Certes, la place de l’art dans la société change selon les époques, les sociétés et les formes d’art, l’une pouvant s’exalter et l’autre dépérir.
Mais, on ne saurait se prononcer sur la place de l’art dans la société avec un discours intemporel à valeur universelle. L’art est plutôt là pour raviver nos sens et enchanter nos besoins et nos plaisirs. En revanche, l’artisanat est perçu comme une activité qui puise ses ressources d’un savoir-faire précis. Il n’en reste pas moins qu’il est le reflet de l’art dans toute sa splendeur nécessitant pour sa réalisation et son évolution du design, de la créativité et de l’innovation.
Art, Artisanat et Design, trois univers distincts en perpétuelle connexion lors des mises en scène et d’expositions des créateurs, des artistes peintres et des designers dans des galeries d’art et des musées. Trois univers envoûtants qui inspirent tous les domaines, voire même celui du luxe. Il est intéressant de remarquer qu’ils évoluent dans un système créatif commun, où l’art et le design offrent au luxe une surévaluation et vice versa. Le mouvement créatif des marques de luxe qui se réfèrent à l’art, booste l’artisanat et atteste le design tout en puisant dans les racines de l’héritage local.
Les formes de rapprochement entre Art, Artisanat, Design et Luxe
L’association du monde de l’art au secteur du luxe est bel et bien présente à travers la mise en avant de produits, de produits revisités et d’un savoir-faire qui trace leurs histoires. Les exemples de collaboration entre artistes et marques sont multiples, intensifiant même grandement cette association. On en cite Les « épicentres » Prada à New York, Tokyo et Los Angeles. Un concept totalement fondé sur l’art afin de capter l’émotion chez leurs clients permettant ainsi de leur offrir une expérience client unique. Dans le domaine de la parfumerie où les flacons de parfum comme “L’air du Temps de Nina Ricci” sont confiés à des designers produits célèbres tels que Philippe Starck. De plus en plus de maisons fortement renommées sollicitent des artistes afin d’embellir leurs vitrines, ou encore font appel à des designers ou décorateurs pour la réalisation de nouveaux magasins où fusionnent l’art et le luxe tels que Peter Marino. Dans le même registre, Ferragamo ou Louis Vuitton (en collaborant avec Takashi Murakami) ont créé des espaces d’exposition d’œuvres avec leurs rayonnages.
De même, des hôtels de luxe ont mis l’art au cœur de leur activité avec pour exemple le programme « Unlock Art » au sein du Méridien.
En effet, l’art offre un véritable patrimoine propre à certaines marques de luxe, avec pour vision d’assigner une dimension artistique fortement identitaire à leurs gammes de produits.
Une belle alchimie en Tunisie
Les passerelles entre les mondes du luxe et de l’art n’échappent à aucun contexte. La Tunisie compte des galeries, des magasins et des concepts store qui valorisent les créations édifiant l’art, l’artisanat et le design tout en étant dans le registre du luxe. Nous avons en effet plusieurs porte-drapeaux de ces domaines en Tunisie et des Tunisiens à l’étranger qui ont eu le génie et la sensibilité de mixer ces univers afin d’offrir des réalisations uniques.
Il est question de dire que le rapprochement entre art et luxe se traduit en Tunisie également sous de nouveaux formats. Musk & Amber, Galerie Salma Feriani et Elyssa Concept Store, trois lieux à leur tête trois femmes présentant l’art chacune à sa manière.
Lamia Bousnina Ben Ayed – fondatrice Musk & Amber (M&A) – a exhaussé son rêve de faire connaître des artistes tunisiens et étrangers en mettant en avant leur créativité de leurs œuvres au sein d’une plateforme dédiée à l’art, le design et la fashion. Le design trouve sa place dans la mode des créateurs nichés par Lamia Bousnina ou encore des meubles de grande renommée internationale associés à des réalisations tunisiennes. La mise en exposition sophistiquée qui réunit plusieurs objets d’artistes différents, de régions et de cultures différentes permet de rehausser la valeur des objets de marques locales. Le développement de ces dessins et créations produit ainsi des pièces et des modèles avec de la valeur ajoutée. Quand Lamia Bousnina jette un regard en arrière, à ses débuts en 2014, elle note un grand changement de comportement du consommateur tunisien. Celui-ci est davantage à la recherche d’un produit rare (et non forcément connu sous un grand nom commercial). Un consommateur devenu averti (de par Internet et les réseaux sociaux qui ont beaucoup aidés dans ce sens) et cherchant plutôt à mixer les goûts et les préférences. Un consommateur qui s’éloigne de la vision du luxe reposant uniquement sur le « bling-bling » et qui associe plutôt la sobriété, la simplicité (voire originalité) et l’élégance au luxe. Un consommateur qui prône la qualité.
La scène artistique de l’art visuel est à connecter impérativement avec l’artisanat qui compte de nombreux artistes tunisiens hyper connectés. Il s’agira selon Salma Feriani – fondatrice de la galerie Salma Feriani – de relier la production artisanale à la production contemporaine à partir d’un vécu et d’influences artistiques locales. Historiquement et traditionnellement, l’art plastique se réfère à la peinture mais il est à noter qu’il se décline également à l’objet, la sculpture,… Reprendre par exemple des œuvres à partir de la céramique ; moderniser des travaux de tapisserie (Safia Farhat l’un des grands exemples du pays) pour en faire une œuvre murale et donc un support contemporain. Hisser et utiliser la mosaïque de Bardo et de Sousse qui est un patrimoine archéologique à grande valeur. En d’autres termes, c’est la manière de produire l’ « ancestral » pour pouvoir écrire une histoire contemporaine tunisienne.
Toujours est-il qu’aujourd’hui, l’acquisition d’un objet d’art – reconnu par les pairs internationaux – est très coûteuse et s’adresse uniquement à un public intéressé et averti. La valorisation de l’artiste passe donc par les professionnels du métier et les fins connaisseurs du secteur. Une galerie d’art – n’étant pas une institution culturelle – ne remplit malheureusement pas cette fonction. Pour cela et pour accentuer le rapprochement entre le luxe et l’art « un besoin de référence muséale est omniprésent ».
Enfin, selon Cyrine Hamza Cherif – fondatrice de Elyssa concept Store – le luxe est le mélange parfait de la matière première et de la finition ; un travail parfaitement élaboré ne peut donc que répondre aux normes d’un produit haut de gamme et apprécié à sa juste valeur. Qui plus est, en Tunisie, on peut arriver à avoir des produits artisanaux de Luxe et à des prix très raisonnables. En effet, les exemples ne se limitent pas aux doigts de la main, on en compte d’innombrables activités. La soie, la maroquinerie, le cuivre, le bois, le marbre, etc. sont toutes des matières nobles dont la manipulation est maîtrisée. Un savoir-faire pareil a donné lieu à des produits 100% made in Tunisia et facilement exportables à l’international tels que des châles, des portefeuilles, des cendriers, etc.