Alors que les recettes touristiques se sont effondrées (-64% quelques semaines avant la fin de 2020), nous devons tirer les leçons pour un secteur clé pour l’économie tunisienne.
L’analyse principale doit concerner les marchés. Selon les chiffres de la BCT, 1 262 666 non-résidents sont entrés en Tunisie durant les neuf premiers mois de 2020. Le podium est toujours confisqué par les libyens (453 474 visiteurs), les algériens (398 887) et les français (213 052). Par rapport à 2019, les entrées ont été respectivement de 1 434 012 ; 2 021 128 et 713 822. En termes de structure, ces trois nationalités ont représenté 84,4% des visiteurs de la Tunisie jusqu’à septembre 2020 contre 68,7% sur la même période en 2019. Il est vrai que pour les français en particulier, il y a les binationaux qui ne sont autres que des tunisiens. En les éliminant des chiffres, nous constatons que nos voisins représentent 67,5% des touristes en 2020 contre 56,9% en 2019. Ce sont donc la colonne vertébrale du secteur.
Mais est-ce que cette masse est passée intégralement par les structures hôtelières ? Pas nécessairement, sinon leur situation aurait été largement meilleure.
En appui à notre avis, nous pouvons faire une confrontation avec les statistiques des nuitées. Durant toute l’année 2019, les algériens et les libyens ont respectivement passé 2 438 000 et 1 188 000 nuitées en hôtels, alors que leurs nombres se sont établis à 2 934 975 et 1 956 060. En d’autres termes, l’algérien passe en moyenne 0,82 nuitée et le libyen 0,60, des chiffres qui n’ont rien à avoir avec la réalité.
C’est un manque à gagner énorme pour le secteur, mais qui passe dans les poches des individus qui louent des appartements et des villas sans que le moindre dinar ne soit versé dans les caisses de l’État.
Il faut sérieusement penser à organiser ces activités et cela ne peut être fait que par une fiscalité légère. Si le visiteur de ces deux pays passe en moyenne 5 jours en Tunisie, c’est presque 5 millions de nuitées pour une année comme 2020. Imaginons une taxe libératoire de 1 dinar par nuitée à verser à une caisse de soutien pour les employés du secteur lorsque des crises se déclenchent. En 2019 seulement, cela aurait permis de collecter au moins 25 MTND et aurait pu contribuer à aider une bonne partie des employés du secteur du tourisme et de la restauration en 2020 (128 000 selon les chiffres de l’INS).
Les solutions existent et il suffit de changer de vision. Ces activités illicites existent et ne vont jamais cesser. Les encadrer et en tirer profit est beaucoup mieux que de chercher à sanctionner le peu de personnes qui sont contrôlées par l’administration.