L’IACE a lancé une initiative qui regroupe des experts économiques et apolitiques dans le but de développer une feuille de route pour dépasser la crise économique actuelle.
Pour Taieb Bayahi, la situation économique des tunisiens s’est fortement dégradée durant les dernières années et il y a un sentiment profond d’inquiétude chez tous les citoyens. Les économistes du pays doivent prendre l’initiative et jouer un rôle dans la période à venir.
Selon Habib Karaouli, les différentes équipes gouvernementales ont échoué sur deux plans : la lutte contre le fléau du chômage et les divergences régionales. Il y a un problème profond de gouvernance et il n’y a pas d’orientations claires dans les politiques de l’Etat. La lourdeur administrative et l’arsenal de loi qui handicapent la liberté d’investissement reste une entrave à l’entreprenariat, quel que soit la taille des projets. L’investisseur a besoin d’une stabilité économique, sécuritaire et législative qui crée un sentiment de confiance. Cela a fini par affaiblir la sensation d’appartenance au pays, matérialisé par ce phénomène d’immigration clandestine vers l’Europe.
Cela reflète le manque de flexibilité budgétaire de l’Etat qui a des charges élevées mais de faibles ressources. Pour Moez Laabidi, l’investissement est insuffisant face à la tendance croissante du service de la dette et de la masse salariale et seule la reprise de la croissance est capable de remettre les pendules à l’heure. Nous avons besoin d’une sorte de consensus national sur les politiques à mettre en place pour sortir de la crise. Mais pour convaincre les Tunisiens, il faut leur expliquer les répercussions de ces politiques sur son vécu selon Nour Kaabi.
Une telle démarche va finir par le développement de la notion de citoyenneté fiscale pour Safouane Ben Aissa. Le recouvrement des dettes fiscales, de l’ordre de 10 milliards de dinars pour Achraf Aouadi, passe par la digitalisation et la mise en place de plateformes. Il faut également intégrer l’économie parallèle afin de récupérer quelques 5 milliards de dinars (selon Nizar Yaiche) et donner une bouffée d’oxygène aux agents économiques qui opèrent dans le cadre de la loi.
La solution existe et elle est devant nous. Il ne manque que la volonté politique d’aller dans la bonne direction. Mais sans une vraie mobilisation nationale autour d’un objectif clair, le prix électoral à payer va prendre le dessus. La démocratie à la tunisienne a ses limites.