Pensez-vous que nous sommes à même d’augmenter nos exportations en Afrique ?
L’accroissement de nos exportations vers l’Afrique dépendra de la disposition du transport. Aujourd’hui, nous avons des canaux de distribution en Europe, mais très peu en Afrique. Nous sommes handicapés par les lignes de transport, surtout pour l’agroalimentaire car les délais sont très courts. Je me réjouis de la bonne initiative du ministre du Transport qui a annoncé l’établissement de nouvelles lignes aériennes et maritimes envers l’Afrique. À ce titre, je voudrais mentionner que la prochaine foire Japon-Afrique sera organisée en Tunisie. Je salue notre ambassadeur japonais en Tunisie qui a ramené cet événement de 5000 personnes en Tunisie. L’année dernière, plus d’une centaine de chefs d’État y étaient présents. Ce genre d’événement représente une opportunité pour la Tunisie. La question qui se pose, aujourd’hui, est comment on peut saisir l’opportunité de la réalisation de cet événement pour tirer profit au maximum et surtout faire connaître la destination et l’offre de la Tunisie ?
Quels sont d’après vous les impératifs de 2021 ?
Je dirais engager les réformes. C’est un chantier qui aurait dû être entrepris depuis une dizaine d’années et c’est pour autant plus prioritaire aujourd’hui face à cette crise de demande que le pays vit. D’abord, il faudrait s’attaquer au secteur informel qui envahit le sud Tunisien. Ensuite, surtout celles des entreprises publiques. Aujourd’hui, on a beaucoup d’entreprises qui constituent des actifs et il est temps de les vendre, s’engager à ouvrir le capital, aller vers des financements alternatifs. Enfin, il faut augmenter la taille de nos entreprises, entreprendre des opérations de fusion-acquisition, se débarrasser de certaines activités non rentables et se concentrer plus sur les activités rentables. La prochaine étape qui ne sera pas des plus faciles exigera de nous de prendre des décisions courageuses.
Et qu’en est-il pour les entreprises ?
Nous vivons dans un contexte frappé par beaucoup d’incertitudes. Je pense qu’en 2021, l’entreprise doit repenser sa façon de faire, son business modèle, être imaginative et consolider ses acquis. En quelque sorte, on peut tirer profit de cette crise pour sortir plus fort en engageant certaines réformes, revoir l’intérêt de son offre et l’adapter à la réalité d’aujourd’hui. L’État et les entreprises doivent engager le chantier de la digitalisation. Et pour preuve, les entreprises liées au digital ont beaucoup profité de cette crise. La vente à distance a connu un boom pendant la crise.
Comment peuvent-elles renforcer leur résilience ?
Je voudrais dire que renforcer sa résilience supposera l’activation de plusieurs leviers. Il faut se prémunir contre les imprévus tout en créant de la valeur. Une valeur plus riche encore. Dans ce processus de transformation qui suppose un changement des modes de fonctionnement, la data est capitale. L’entreprise a besoin de disposer d’informations et doit pouvoir en produire. À titre d’exemple, elle ne peut optimiser son parcours client sans data. À ce niveau, il y a lieu de mentionner le manque de statistique à la fois à l’échelle macroéconomique et celle des secteurs. L’entreprise ne peut pas naviguer à vue. La réforme de la data est une priorité en ces temps d’incertitude.