La Commission Tunisienne des Analyses Financières (CTAF) a organisé aujourd’hui une visioconférence de presse à l’occasion de la publication du Rapport d’activités de la CTAF relatif aux années 2018-2019. Détails.
Le gel de l’équivalent de 86 millions de dinars et la dissémination de 710 dossiers aux autorités compétentes semblent figurer dans la top liste des prouesses de la Commission Tunisienne des Analyses Financières (CTAF). C’est ce qu’a annoncé Lotfi Hachicha, Secrétaire général de la commission, lors de sa présentation du Rapport d’activités de la CTAF pour les années 2018 et 2020.
Hachicha a indiqué, dans ce sens, que le gel de cette somme d’argent venait suite à l’augmentation remarquable des dossiers traités, de 153 en 2017 à 600 en 2018 et à 645 en 2019, soit le total de 1245 dossiers sur un total de 1112 déclarations de soupçons reçues.
Progression des opérations de gel des avoirs et des comptes
En effet, ces exploits sont le fruit d’un plan d’action qui a été lancé en 2017 par la CTAF visant à consolider son arsenal institutionnel, juridique et réglementaire et notamment son effectivité. Le but étant d’accélérer les opérations de gel des avoirs et des comptes en relation avec le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Ces réalisations ont permis, selon Marwan Abassi, gouverneur de la BCT et président de la CTAF, l’achèvement du plan d’action en un temps record, dix-sept mois. Ceci a permis d’améliorer considérablement la conformité technique de la Tunisie aux recommandations du GAFI, du 16 sur 40, avant le plan d’action, au 29 sur 40 en novembre 2018. Aussi, la Tunisie a pu par la même occasion améliorer sa conformité aux recommandations relatives à l’amélioration de l’efficacité du dispositif national de lutte qui ont été également accomplies.
Les travaux de lutte de la Commission contre les mauvaises pratiques illicites et illégales ont démontré l’apparition de nouveaux crimes, selon Hachicha. Désormais, la cybercriminalité et la traite des êtres humains et le trafic illicite des migrants
représentant respectivement 5% et 3% du total des dossiers présentés au Procureur de la République. De leur côté, les dossiers de fraude ont représenté 4% du nombre total de dossiers, contre 1% pour le trafic d’armes et 41% pour la contrebande et autres délits.
Des efforts valorisés par le GAFI
Ces exploits réalisés et qui s’inscrivent dans le cadre de la démarche préventive de la Commission et de la lutte farouche que la Tunisie ne cesse de mener contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ont été louablement considérés par le Groupe d’Action Financière (GAFI). Ces efforts ont permis en effet la sortie de la Tunisie de la liste des juridictions sous surveillance du GAFI, le 18 octobre 2019.
Toutefois, le Gouverneur de la BCT n’a pas cessé d’appeler à ne pas baisser la garde même après ce succès et ce palier atteint sur le front de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Et de préciser que « la vigilance doit rester de mise pour ne pas retomber dans la zone à risque ».
“La CTAF ne peut faire front, seule, à ces fléaux”, c’est ce qu’a tenu à exprimer Abassi qui a rappelé, dans le même contexte, que “les efforts déployés par les autorités de contrôle et les partenaires tunisiens et étrangers s’avèrent incontournables pour réussir cette lutte harassante aux grands enjeux”.
Le retrait de la Tunisie de la liste des pays sous la surveillance du GAFI et notamment de la liste des pays tiers à haut risque de l’Union européenne dénotent de l’efficacité du dispositif national mis en place dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme mais met le pays face à de nouveaux défis dont notamment le respect d’égalité devant la loi.