Engagées depuis des années dans l’économie verte, les industries Poulina qui ont notamment investi dans le photovoltaïque ont accueilli avec enthousiasme les dispositions de l’article 7 de la loi 2019-47 permettant la production et la vente aux auto-consommateurs de l’énergie électrique issue des énergies renouvelables. Poulina est fin prête à s’investir dans ce sens, nous assure Mongi Mziou, chef de l’Unité Électrotechnique de Poulina, mais il semble qu’elle se heurte à des problèmes de diligence administrative.
Poulina dispose d’un grand parc assorti d’une haute consommation et il était naturel de travailler sur l’autoproduction. En vérité, nous allions investir dans quatre projets de centrales de 5 MW chacune pour couvrir nos besoins de base de 20 MW. Avec la nouvelle loi, nous sommes en stand-by mais nous sommes entrés en discussion avec des fournisseurs pour comparer l’enveloppe de l’investissement entre l’autoproduction et l’achat d’énergie auprès de tiers” atteste Mziou.
Une situation gagnant-gagnant
Ce texte qu’évoque Mziou est la loi 2019-47 portant modification de l’article 9 de la loi 2015-12 et dont les dispositions de l’article 7 permettent la production et la vente aux auto-consommateurs de l’énergie électrique issue des énergies renouvelables. Selon lui, cette loi a encouragé Poulina à examiner toutes les options, y compris la possibilité de rejoindre des offres de fournisseurs de centrales de 100 MW. Le dossier est à l’étude pour décider si le groupe va investir dans ses propres centrales ou s’il va acheter une partie de son énergie chez les nouveaux producteurs privés qui vont créer de nouvelles centrales en faveur de la nouvelle loi. L’autre partie étant fournie par la STEG et, dans les deux cas, le transport sera assuré par la STEG.
“Poulina est enthousiaste pour la production de l’énergie électrique issue des énergies renouvelables. Seulement, nous nous sommes laissé dire que la loi est prête depuis le 27 mai 2020 et nous attendons encore. La plus grande lenteur est dans la publication du JORT qui peut atteindre les cinq mois après l’accord de la commission ad hoc”, ajoute-t-il. Mziou s’interroge également sur le retard de la STEG à s’investir dans le Net Metering alors qu’il s’agit d’une situation gagnant-gagnant. Il cite l’exemple du système de balance que la compagnie opère avec les particuliers, regrettant qu’elle n’agit pas de même avec les industriels.
Pourtant, la règle est identique pour les deux cas : on donne son excédent énergétique pendant le jour et on récupère le reliquat pendant la nuit, ceci au moment où le pic de la STEG n’apparaît pas au cours de la nuit où elle pratique des tarifs plus bas que le jour (180 millimes le kWh contre 250 millimes le kWh). “Dans ce cas, nous pourrions agrandir notre centrale et, au lieu de ne couvrir que 40% de notre consommation, nous pourrions monter à 80% et, pourquoi pas 100%. Poulina, qui prévoyait une centrale de 20 MW ou 25 MW, pourrait investir dans une centrale de 50 MW, et tout cela grâce au Net Metering”, poursuit notre interlocuteur.
Doubler la capacité des industriels en autoproduction
Les lenteurs administratives souvent endémiques ne sont pas les seules contradictions d’un système dont la vocation est d’encourager les énergies renouvelables. Les frais de transports des centrales raccordées au réseau Moyenne Tension ne sont pas encore fixés et les outils et les mécanismes de gestion et facturation des énergies transportées ne sont pas encore définis (transport par poste horaire, dispatching de l’énergie produite aux auto-consommateurs). “Nous ne voulons pas mener une double négociation, nous voulons acheter l’énergie et les coûts de son transport en même temps.
Ceci sans compter que les industriels éprouvent des difficultés en cette période et que les banques doivent prévoir pour ce genre de projets des taux qui encouragent les investisseurs. D’ailleurs, nous travaillons actuellement à un fonds qui proposerait des taux de 8% alors que ce taux atteint les 11% chez les banques”, commente Mziou. Des remarques techniques qui n’entachent pas l’enthousiasme de notre interlocuteur qui nous assure que cette loi permet de doubler la capacité des industriels en autoproduction et donnerait ainsi un élan au photovoltaïque en Tunisie, à la condition que la STEG renforce les bureaux d’études dans ses directions régionales avec des ingénieurs bien formés et prépare dès maintenant les bases de données qui permettent l’usage des logiciels de facturation automatique.