Le webinaire intitulé “L’écosystème de l’innovation en Tunisie et l’appui aux startups et PME innovantes”, qui a eu lieu le 25 novembre dernier, était l’occasion pour discuter de l’écosystème de l’innovation en Tunisie et d’annoncer le lancement du nouveau programme Red’innov lancé par RedStart Tunisie, soutenu par l’Union Européenne à travers le projet Innov’i – EU4Innovation.
Les entreprises sont à la recherche de solutions innovantes pour améliorer leur compétitivité et s’adapter aux changements qu’elles rencontrent, en l’occurrence pour lutter contre la crise sanitaire. On remarque aujourd’hui une dynamique exceptionnelle autour de l’innovation et une volonté de la part des startups et des PME.
Comment développer cet écosystème d’innovation ?
Le challenge est difficile. Le développement de l’écosystème d’innovation demande la participation d’entités différentes. Arnaud Mournetas, CEO de RedStart France, a indiqué qu’il faut faire travailler les gens ensemble malgré leurs différences en menant les mêmes valeurs d’innovation. C’est dans le partage d’expérience et de succès que les gens vont avoir plus d’intérêt à entreprendre. Il a expliqué que les structures d’accompagnement sont responsables de recréer des méthodologies qui accompagnent les jeunes entrepreneurs vers la réussite comme rapprocher le secteur public et privé.
La Tunisie a entamé le chemin mais il reste encore beaucoup de choses à faire. Il y a des blocages psychologiques sur le passage à l’entrepreneuriat. La culture entrepreneuriale doit être ancrée dans l’éducation des enfants, précise Clara Guilhem, Chef de projet Innovi-Expertise France. D’ailleurs, c’est un levier sur lequel travaillent Innovi et RedStart Tunisie dans le programme Red’innov.
De son côté, Smart Capital, une organisation semi-gouvernementale, a contribué à booster l’écosystème d’innovation à travers trois piliers qui sont : le Startup Act, le Startup Empower qui vise à dynamiser l’écosystème d’innovation et promouvoir les startups à l’international, ainsi que le Fonds des Fonds qui est selon Soumeya Ben Baya, Ecosystem Developper chez Smart Capital, une éjection de somme pour créer des fonds qui à leur tour vont être investis dans des startups.
En effet, la connectivité est le “secret sauce” pour qu’un écosystème puisse s’accroître et se consolider rapidement. Les entreprises elles-mêmes ont un rôle important dans le développement de l’écosystème d’innovation. Elles sont source de propositions pour améliorer la connectivité et elles doivent avoir la volonté pour collaborer entre elles.
Pour s’insérer dans l’écosystème d’innovation, les PME doivent développer un état d’esprit d’innovation, selon Inès Bouharb, Managing Director EDBA. Et d’ajouter qu’“il faut structurer les PME de telle manière à créer un vivier d’idées innovantes, réagir très rapidement par rapport au marché et créer la valeur ajoutée aux produits/services existants”. Et pour preuve, elle cite Google et Facebook qui développent la culture entrepreneuriale au sein de leurs entreprises.
Ces deux géants de la tech poussent leurs employés à avoir un mindset d’entrepreneurs et les accompagnent à développer et tester leurs idées. Ainsi, ils créent pour eux un environnement ouvert pour le partage et l’amélioration. L’innovation se situe tout au long de la chaîne, selon Bouharb, et elle vient parfois d’erreurs de process qui se transforment en opportunités.
De nouveaux moyens de financement s’imposent
Un des mécanismes de financement innovant sur lesquels travaille Redstart à travers le programme Red’innov est le crowdfunding. Thameur Hemdane, Président Finance Participative Afrique et Méditerranée (FPAM), a expliqué que ce mécanisme est une plateforme digitale pour mobiliser l’épargne privée des investisseurs pour financer tous types de projets qu’ils soient personnels, créatifs, sociaux ou bien des PME et des entreprises. Et ce, peut être sous forme de dons, de prêts ou d’investissements. La loi pour le crowdfunding a été promulguée par l’ARP récemment. Mais les décrets d’application ne sont pas encore sortis.
Hemdane a affirmé que le crowdfunding peut jouer un rôle important dans la mobilisation davantage d’épargne vers l’investissement dans les PME et les entreprises. Il apporte un appui sur la sélection des bons projets et les met en relation avec différents acteurs de l’écosystème financier. En outre, le crowdfunding s’appuie sur le digital et les réseaux sociaux pour la communication autour des projets. Il est bien adapté aux pratiques quotidiennes des citoyens, des porteurs de projets et des investisseurs. “C’est l’image des pratiques de nos jeunes aujourd’hui”, dit-il.
La contribution de Red’innov
Le programme Red’innov vise à développer l’innovation. Douja Gharbi, CEO de RedStart Tunisie, a déclaré que le programme vise à assurer la connexion entre les différents acteurs de l’écosystème d’innovation et à établir une bonne coordination entre tous.
Parmi les axes principaux sur lesquels RedStart travaille à travers Red’innov:
- Être un genre inclusif et viser 50% de femmes
- Aller vers les régions (Gabès, Kairouan et Siliana) pour leur offrir un appui de proximité
- Former plus de 400 enfants dans les écoles et les sensibiliser à l’entrepreneuriat
- Accompagner opérationnellement une soixantaine de PME et startups innovantes
- Permettre aux entreprises un accès au financement
- Organiser des dialogues public/privé pour la promotion de financement innovant
- Organiser une conférence annuelle en tant qu’agitateur de l’écosystème.