
Tout ce qu’il a fallu pour “décomposer” la chaîne d’approvisionnement mondiale qui traversait des centaines de milliers de kilomètres … est un virus.
Les chiffres sont sans équivoque. À l’échelle mondiale, la baisse des échanges commerciaux en 2020 a été estimée à plus de 10% alors que la contraction de l’économie mondiale est prévue d’atteindre les -5%, d’après De Giorgi.
La nature de la crise — amplifiée par les mesures de confinement et de distanciation sociale — a fait que son impact sur les services a été plus prononcé que sur d’autres secteurs. Au fait, le secteur a connu, au second trimestre de l’année, une baisse de 30% de son activité. Un chiffre jamais enregistré de toute l’histoire contemporaine.
Pour la Tunisie, la crise a été particulièrement dure — bien que sur le plan sanitaire, le pays s’en soit relativement mieux sorti. Pour l’expert, ceci est dû à deux éléments clés: la prédominance des services dans le PIB du pays et la sévérité de la pandémie chez les plus grands partenaires commerciaux de la Tunisie, notamment l’Union européenne, la Turquie et l’Algérie.
“Si nous comparons les exportations du mois de mars 2020 à celui de l’année d’avant, nous constaterons une différence de 278 millions d’euros”, a indiqué l’expert. “Mais ce chiffre ne reflète en effet qu’une partie de l’impact du Covid”, a-t-il ajouté.
Une crise plus profonde que prévu
D’après l’expert, il est nécessaire de tenir en compte d’autres facteurs pour pouvoir donner une image réelle de la chute des exportations durant cette période. Pour ce faire, l’expert propose de tenir compte de la variation des exportations entre 2018 et 2019 — calculée pour le mois de mars à -3 millions d’euros. “La différence entre les deux variations, soit -274 dans le cas du mois de mars, dessine une image plus précise de la situation”, a-t-il affirmé.
Ainsi, la chute réelle des exportations en avril passe de 517 millions d’euros, d’après la méthode classique, à plus de 547 millions d’euros d’après celle proposée par l’expert américain — soit environ 6% de plus.
En appliquant cette méthodologie, l’expert a conclu que les exportations tunisiennes ont été considérablement moins impactées durant le 3ème trimestre de l’année en cours. “Durant ces trois mois, explique-t-il, les baisses des exportations étaient en concordance avec celles enregistrées auparavant, avant l’apparition du virus”.
L’expert a aussi appliqué sa méthodologie pour mesurer l’impact “réel” de la crise sur quelques secteurs clés de l’économie nationale. Ainsi, Giacomo De Giorgi indique que la baisse des exportations des industries mécaniques et électriques a atteint plus de 80% durant la période allant de mars à juillet 2020. “Cette baisse a été principalement concentrée dans les entreprises offshore”, a-t-il ajouté.
Pour le secteur du textile, en revanche, l’impact a été moins prononcé avec une baisse de “seulement” 60% des exportations. Aussi, l’expert affirme que le secteur a connu une reprise rapide dès le mois de juin avec une augmentation “réelle” des exportations de 37 millions d’euros.