The Heritage Foundation a publié dernièrement l’édition 2020 de son Indice de liberté économique qui classe plus de 180 pays. La Tunisie y est présente et elle a été classée parmi les pays les moins libres économiquement. Elle est dépassée, et de loin, par des pays comme le Rwanda (33ème), la Jordanie (66ème) et le Maroc (78ème).
La liberté économique, comme l’ont rappelé les auteurs de ce classement, est le droit fondamental de chaque être humain de contrôler son propre travail et sa propriété. Dans une société économiquement libre, les individus sont libres de travailler, produire, consommer et investir comme bon leur semble. Dans les sociétés économiquement libres, les gouvernements permettent au travail, aux capitaux et aux biens de circuler librement et s’abstiennent de toute contrainte à la liberté au-delà de la mesure nécessaire pour protéger et maintenir la liberté elle-même.
Pour quantifier le niveau de liberté économique dont jouissent les citoyens de chaque pays, les auteurs du classement ont utilisé 4 clés:
- L’État de droit: droits de propriété, intégrité du gouvernement, efficacité judiciaire;
- La Taille du gouvernement: dépenses publiques, fardeau fiscal, santé budgétaire;
- Efficacité réglementaire: liberté des entreprises, liberté du travail, liberté monétaire;
- Marchés ouverts: liberté commerciale, liberté d’investissement, liberté financière.
Tunisie: des lacunes à tous les niveaux
Le score de liberté économique de la Tunisie est de 55,8 sur 100, ce qui fait de son économie la 128ème plus libre de l’indice 2020. Son score global a augmenté de 0,4 point en raison d’une amélioration des droits de propriété et d’autres indicateurs de l’état de droit.
L’économie tunisienne fait partie de la classe des pays dits “mostly unfree” et ce durant plus d’une décennie.
Pour améliorer la liberté économique en Tunisie, le nouveau gouvernement devrait, d’après les auteurs du classement, remédier aux lacunes en matière de santé budgétaire, de liberté financière et d’intégrité gouvernementale. Cependant, les réformes fiscales nécessaires exigeant des réductions des dépenses alimenteraient probablement les troubles publics, et l’influence de puissants syndicats et la présence d’un grand nombre de partis politiques au sein du parlement nouvellement élu rendront l’élaboration des politiques difficile.
L’État de droit victime de la corruption
Des niveaux élevés de corruption et un important arriéré de conflits de propriété entravent la protection des droits de propriété. Alors que la constitution de 2011 appelle à un système judiciaire solide et indépendant, la réforme judiciaire a progressé lentement. La corruption est endémique en Tunisie et les hauts fonctionnaires corrompus agissent souvent en toute impunité. Les procédures de routine pour faire des affaires (douane, transports et quelques formalités administratives) impliquent des pratiques de corruption.
Des dépenses publiques démesurées
Le taux d’imposition le plus élevé sur le revenu des particuliers est de 35% et le taux d’imposition le plus élevé des sociétés est de 30%. Les autres taxes comprennent les taxes sur la valeur ajoutée et les droits de mutation. La charge fiscale globale équivaut à 21,4% du PIB. Les dépenses publiques ont représenté 30,0% de la production (PIB) du pays au cours des trois dernières années et les déficits budgétaires ont représenté en moyenne 5,6% du PIB. La dette publique équivaut à 77,0% du PIB.
Une efficacité réglementaire remise en question
Les récentes réformes commerciales ont consisté à combiner différents enregistrements pour créer une entreprise et à améliorer la protection des investisseurs minoritaires. Les niveaux de chômage des jeunes sont élevés et les grèves dans le secteur des phosphates indiquent un certain niveau de troubles du travail. Le gouvernement fait face à la pression des prêteurs étrangers pour réduire les dépenses publiques, y compris les subventions sur les denrées alimentaires et le carburant, mais les coupes seront politiquement sensibles.
Un secteur financier faible reste fragmenté et dominé par l’État
La valeur totale des exportations et importations de biens et services équivaut à 99,5% du PIB. Le taux tarifaire moyen appliqué est de 9,3 pour cent et les barrières non tarifaires augmentent encore le coût du commerce. Malgré les efforts déployés pour attirer plus d’investissements étrangers, la croissance des investissements à long terme a été freinée par la bureaucratie et l’incertitude politique. Le secteur financier faible reste fragmenté et dominé par l’État. L’accès au crédit est limité.