La semaine s’avère cruciale pour le secteur touristique. Non seulement le reconfinement en Europe n’inspire pas confiance pour le reste de la saison, mais leurs équilibres financiers sont extrêmement préoccupants.
L’Association Professionnelle Tunisienne des Banques et des Établissements Financiers compte se réunir au cours de cette semaine afin de discuter de la situation délicate des hôtels par rapport à leurs encours de dettes et à la possibilité de leur octroyer de nouveaux crédits. Selon certaines sources, en dépit de l’éligibilité de plusieurs entités aux crédits Covid-19, le déblocage des fonds par les banques n’a pas eu lieu. En d’autres termes, même la garantie de l’État n’est pas parvenue à convaincre les bailleurs de fonds de la crédibilité d’un secteur sinistré.
Pour comprendre l’ampleur du problème, nous devons avoir une idée plus profonde sur les chiffres. Jusqu’à la fin du mois de juin 2020, le secteur « Hôtels et Restaurants » a un encours de crédits bancaires de 4 391 MTND auprès du système bancaire. 2 070 MTND sont des crédits à court termes, et 2 359 MTND sont de moyen et long terme. Avec la saison catastrophique que nous venons de clôturer, les banques sont quasi-certaines qu’elles ne toucheraient rien. Si fin 2019, le taux des créances classées du secteur était de 15,1%, ce taux devrait dépasser les 20% en décembre 2020.
Que faire pour une industrie stratégique pour le pays ? Pour ceux qui ne le savent pas, le tourisme contribue significativement à la création de la valeur qui a atteint 5 576 MTND en 2019, soit 4,9% du PIB. Il est également un grand employeur direct 131 100 emplois fin juin 2020 et, surtout, indirect. Il faut tenir en considération toutes les activités commerciales qui gravitent autour du secteur, comme la restauration, l’artisanat, le transport et les services. Durant les bonnes années, il permet d’améliorer la balance de paiements comme en 2019 avec des recettes de 1 700 M€.
Même la fin d’année que certains comptaient sur elle pour limiter les dégâts s’avère difficile. En décembre 2019, la Tunisie a reçu 737 400 touristes, dont 444 300 algériens, 181 000 libyens et 48 500 français. Tous ces pays n’allaient pas permettre à leurs ressortissants de se rendre en dehors de leurs frontières à cause de la crise sanitaire. Le consommateur local ne peut pas combler à lui seul ce manque à gagner.
Le secteur ne pourrait pas résister longtemps en l’absence de moyens de financement urgents mis à sa disposition. L’objectif est de sécuriser le maximum d’emplois et de permettre l’entretien des structures afin d’être prêt à une reprise qui tarderait encore plus à venir.