La BCT, qui s’est retrouvée soudainement dans une polémique lui revendiquant un appui inconditionnel à l’État pour lever des fonds, n’a pas tardé à répliquer. Hier, et lors d’une réunion de son Conseil d’Administration, le régulateur a examiné le projet de la Loi de Finances Rectificative 2020.
La Banque des banques s’est inquiétée quant au volume de financement nécessaire pour boucler l’exercice budgétaire qui affiche un taux de déficit inédit de 13,4%. Dans le contexte actuel, il est très difficile de lever des fonds sur les marchés internationaux. La solution proposée par le Gouvernement est de lever en interne 14 300 MTND alors que la Loi de Finances 2020 parlait de seulement 2 400 MTND. Techniquement, cela signifie de nouvelles tensions sur la liquidité des banques – principaux souscripteurs aux titres de dette souveraine – et donc le déclenchement d’un nouveau cycle de refinancement massif par la BCT.
La mise en place de cette politique signifie l’annulation de trois années d’efforts par la BCT dans la lutte contre l’inflation. Les indicateurs macroéconomiques seraient touchés de plein fouet et il y aura même un risque sur le dinar. C’est pourquoi la Banque continuera à mener une politique en ligne avec son objectif principal, à savoir le contrôle des prix.
En d’autres termes, le Gouvernement doit trouver d’autres solutions pour clôturer son année. Vu qu’il s’agit d’une fenêtre d’action étroite de deux mois, il y a de vraies inquiétudes quant à la capacité de l’État d’honorer ses engagements. Certes, il y aura des adjudications de BTA/BTCT importantes, mais pas avec les montants de la Loi de Finances rectificatives. Les principales victimes de cela sont l’investissement public et les fournisseurs de l’État dans un contexte de crise. Malheureusement, c’est le prix que nous payons tous à cause de la mise en place de politiques sociales généreuses non accompagnées de réformes de fonds.