Parmi les mois les plus critiques pour le Budget de l’État 2020, du moins selon les données chiffrées et publiques, nous trouvons octobre. Non seulement il faut payer les salaires des fonctionnaires (1 593 MTND en brut et en moyenne depuis le début de l’année), mais également être proactif dans la gestion d’une potentielle crise sanitaire mondiale. À cela, s’ajoute le remboursement de la dette extérieure (nous ne disposons pas de l’échéancier de ces dettes) et celle locale.
Cette dernière a marqué le mois en cours car le montant à rembourser était colossal : 901,050 MTND. Il concerne la ligne BTA 5,5% Octobre 2020. Dans les conditions actuelles, la meilleure solution était une adjudication d’échange pour alléger les flux de cash sortant. Cette opération a été réalisée avec relativement du succès, en échangeant 417,826 MTND de l’ancienne dette par trois nouvelles dont la plus proche est en 2027. Le Trésor a enchaîné avec une nouvelle sortie qui lui a permis de lever 187,200 MTND. En net, la dette publique couterait 483,224 MTND.
À la veille du remboursement, le compte de l’État affiche un solde positif de 1 651 MTND. Ses caisses seront également renflouées par d’autres ressources, essentiellement la TVA qui a généré une moyenne mensuelle de 535 MTND depuis le début de l’année. Il y a également d’autres recettes qui devraient permettre de finir tranquillement le mois d’octobre.
Mais les défis ne s’arrêtent pas là. Il faut maintenant préparer les prochaines échéances qui s’annoncent déjà lourdes. Entre janvier 2021 et octobre 2023, l’État devrait rembourser 6 143 MTND. Pour 2021, il y a trois lignes pour une valeur globale de 1 502 MTND, dont la première est en janvier (BTA 5,75% Janvier 2021) et qui porte sur la jolie somme de 700,490 MTND. Est-ce que l’État va encore recourir à l’échange ? Si ce sera le cas, c’est qu’il s’agira de la troisième opération du genre en moins d’une année, quelque chose de peu appréciable. Ce qui se passe actuellement n’est autre que le report de problèmes ponctuels au moyen terme alors que rien ne garantisse que la croissance reprenne à un rythme permettant de générer des ressources suffisantes pour couvrir ces remboursements rééchelonnés.
Une partie de la solution passe par le lancement de maturités plus longues. Alors que le 15 juillet 2032 est l’échéance la plus lointaine (moins de 12 ans), il est temps de penser à des émissions sur 20 et 30 ans. Les opérateurs économiques peuvent être réticents à investir dès aujourd’hui pour de tels horizons car ils n’ont aucune visibilité sur les taux. Concrètement, personne ne peut en avoir. Qui aurait estimé en Europe, dix ans en arrière, des taux négatifs ?
Nous avons également besoin d’un marché plus profond pour la dette souveraine, quelque chose qui devrait être facilitée par l’adoption des normes IFRS car ce n’est plus la valeur théorique des actifs qui est inscrite dans les bilans, mais plutôt leurs justes valeurs. On aura une gestion d’actifs plus dynamique et donc plus de transactions.
Les prémisses d’une amélioration progressive de la gestion de la dette publique sont là, mais il faut faire rapidement tant qu’elle reste soutenable.