Mohamed Ben Slama, artiste, entrepreneur culturel et manager de l’espace “Fabrika” réagit sur les nouvelles mesures gouvernementales qu’il trouve injustes et aberrantes quant à l’arrêt de toute activité culturelle, et ce dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus.
Dans une interview accordée au Manager, il déclare que “le secteur culturel est aujourd’hui indéniablement le bouc émissaire des décisions gouvernementales”.
Selon Mohamed Ben Slama, le secteur culturel connaît une crise réelle depuis une décennie, bien avant la propagation du coronavirus. Il considère que le problème originel du dossier culturel réside dans la succession des stratégies déficientes qui reposent généralement sur l’aide de l’Etat dans l’instauration de tout projet de type culturel.
L’entrepreneur considère que c’est le moment ou jamais de passer de la culture politique à la politique culturelle, où il est question de rompre avec les débats stériles, et laisser les vrais acteurs du paysage culturel moderne prendre la parole afin de mettre en action les feuilles de route ainsi que les projets qui reposent depuis longtemps dans les tiroirs des dirigeants.
C’est pour cela qu’il privilégie le recours au Business Model qui favorise le benchmarking, la digitalisation et l’innovation par la mise en place de nouveaux process de travail basés sur la communication afin de couper court avec les dérives des subventions étatiques.
L’output de toute cette démarche est d’instaurer une politique culturelle qui prône l’importance de l’unification du transversal et du sectoriel, et assoit sur la durée les droits des intermittents du spectacle.
Ben Slama affirme que l’usine musicale électro Fabrika a instauré un protocole sanitaire rigoureux dès le début de la crise en Tunisie, avec l’obligation du port du masque et l’utilisation de gel hydroalcoolique à ses adhérents. D’ailleurs, la planification et la budgétisation du coût de la crise ont fait partie des priorités de toute l’équipe pour assurer la continuité des activités culturelles et préserver la santé des adhérents.
Mohamed assure qu’à l’occasion du confinement général de la première vague de la propagation du virus en Tunisie, Fabrika s’est lancée à plein nez dans la digitalisation. Ainsi, via les plateformes et les vidéoconférences, les coachs ont assuré la continuité des activités culturelles et cela s’est avéré très efficace sur le plan pédagogique.
S’agissant de projets de type collaborations comme “Mix Cloud”, Fabrika a préféré inventer des formats adaptés de type résidence à distance où l’artiste dispose d’une bonne qualité d’écoute et peut faire l’enregistrement en ligne.
Pour conclure, Mohamed Ben Slama souligne qu’aujourd’hui, la révolution culturelle n’a pas encore eu lieu et que ce secteur doit bénéficier de l’attention des dirigeants et des acteurs qui sont capables de façonner le futur des nouvelles générations.