L’étude mise en place suite à l’AFRICA CEO FORUM, par le Baromètre Deloitte des CEOs Africains, conduite auprès de 150 chefs d’entreprise africains et opérant dans 30 pays, répartis dans 5 régions : Afrique Nord, Afrique de l’Est, Afrique de l’Ouest, Afrique Centrale et Afrique Australe, révèle que les dirigeants africains sont confiants en l’avenir économique du continent.
L’étude repose sur 6 thématiques d’importance majeure pour les dirigeants africains qui se présentent comme suit : la stratégie, la gouvernance, le financement, l’innovation, l’impact de la Covid-19 et les talents. Ainsi, 50 questions ont été envoyées à un échantillon de décideurs africains, soigneusement identifiés sur la base de critères tels que leur pays d’origine, leur secteur d’activité, leur chiffre d’affaires, leur taille, la structure de leur capital, etc. Les 150 résultats recueillis pour chaque question ont été traités et analysés pour identifier les principales tendances des dirigeants africains et les mettre en perspective avec le contexte commercial, économique, politique et social actuel de l’Afrique.
En effet, l’étude permet de recueillir 150 résultats pour identifier les principales tendances des dirigeants africains et les mettre en perspective avec le contexte commercial, économique, politique et social actuel de l’Afrique.
L’impact de la Covid-19
Passant de 80% à 25%, l’optimisme des dirigeants du secteur privé africain pour cette année a été fortement impacté par la soudaine crise Covid-19. En effet, 95% des entreprises africaines affirment avoir subi un impact négatif sur leur chiffre d’affaires, bien que l’amplitude diffère suivant les industries : les secteurs du Consumer, Financial Services et Energie.
Par conséquent, selon l’étude, les optimistes avant la crise sont aujourd’hui ceux qui ont adopté les changements les plus drastiques, devenant les plus pessimistes. Par opposition aux secteurs agro-industries, santé et éducation qui ont été les moins affectés par l’impact du Covid-19. D’ailleurs, avant le déclenchement de la pandémie, les entrepreneurs n’avaient pas de doute vis-à-vis de la situation économique cette année, dans leurs pays et surtout au sein de leur secteur d’activité. Sur cette question, l’étude démontre qu’avec 230 réponses, 75% des sondés sont désormais pessimistes.
Favoriser la coopération public-privée pour permettre au business model africain naissant de réellement changer d’échelle
Les chefs d’entreprise africains sont de plus en plus confiants dans le développement économique du continent sur le long terme avec un pourcentage favorable qui s’élève à 80% des répondants en 2020 contre 73% en 2019, tout en considérant le ralentissement économique mondial qui a impacté négativement les opérations domestiques.
Un optimisme nuancé
Avec un taux de confiance qui atteint un pourcentage de 60% post-covid contre 5% avant la crise, l’étude souligne qu’une partie du problème est due directement à la crise sanitaire, tandis que l’autre partie est liée aux incertitudes du climat politique qui impacte directement les économies africaines.
L’étude de Africa CEOs Survey révèle que tous les dirigeants semblent dessiner une ébauche de «business model africain» qui se définit surtout par une approche et des valeurs qu’ont en commun les différents interlocuteurs interrogés : démarche fondamentalement entrepreneuriale dans la façon d’aborder les défis et les enjeux de croissance, approche pragmatique et logique d’apprentissage permanent (qu’il s’agisse de favoriser les transferts de compétences au contact de partenaires locaux ou internationaux ou de développer en interne la formation continue des salariés), conception de l’entreprise comme une véritable famille dont le rôle est d’améliorer le quotidien de ses membres mais aussi des communautés dont ils sont issus, et cohérence du projet d’ensemble au sein de l’écosystème réunissant l’entreprise et ses partenaires.
L’écart notable entre les systèmes éducatifs africains et le type et niveau de qualification en priorité des acteurs du secteur privé
L’étude attire notre attention sur le développement du secteur privé qui se trouve encore freiné par une pénurie de talents disponibles aggravée par des carences structurelles des systèmes de formation supérieure africains. En effet, l’écart est palpable entre certains cursus proposés par les universités publiques et les compétences techniques et expertises requises par les entreprises.
D’après les conclusions tirées par Africa CEOs Survey, le premier obstacle auquel se trouve confrontée l’afrique est la rétention de ses talents : réussir à endiguer le « brain drain » des jeunes diplômés. Les catégories les plus qualifiées préfèrent encore souvent profiter d’opportunités plus rémunératrices en s’expatriant hors du continent – même si l’on observe un phénomène réel et grandissant qui concerne le retour des cerveaux sur le continent après quelques années.
Il semble par ailleurs que d’une part, il subsiste toujours un décalage entre les cursus des établissements d’enseignement supérieur africains et les compétences qu’on y enseigne , et d’autre part, les expertises dont ont besoin les entreprises. En effet, même si les participants reconnaissent les progrès considérables déjà accomplis, ils admettent qu’il subsiste d’autres problématiques de type RH spécialement. Ainsi, le recrutement de profils expérimentés apparaît comme particulièrement critique pour les dirigeants africains. Les principales problématiques en termes de recrutement de talents se situent aux échelons du middle avec un taux qui s’élève à 35% et pour ce qui est du management, le pourcentage est de 24%.
Pour conclure, l’étude met en lumière les enjeux dont doit en dépendre l’entrepreneuriat en Afrique. Aujourd’hui, l’enjeu RH est majeur pour les acteurs du secteur privé et il semble à court terme, une des solutions à adopter pour faire face à la pénurie de talents tout en accompagnant l’adaptation du système public d’enseignement supérieur.