En dépit de la fête de l’Aid qui se prolonge et se rallonge au grès des traditions et des coutumes et du plaisir des retrouvailles familiales, le théâtre de plein air du Centre Culturel International de Hammamet a accueilli un public nombreux venu se ressourcer et retrouver des artistes dont le talent est immense, dans le cadre quand bien même convivial de « Sahriyet été 2020 » à Hammamet.
Un hommage poignant à feu Nejib Ben Khalfallah
Au programme de la soirée du dimanche 2 août dédiée complètement à la chorégraphie, deux spectacles de danse contemporaine, Novice No-Vice de Mohamed Chniti et Meriem Bouajaja et Andalouse(s) de Nesrine Chaabouni, deux créations d’inspirations différentes, mais qui ont mobilisé des moyens techniques complexes eu égard aux besoins de la dramaturgie et de la mise en scène de chacune d’entre-elles.
La première partie de la soirée a été consacrée au spectacle Novice No-Vice et ouverte par un hommage poignant à feu Nejib Ben Khalfallah rendu par Senda Jebali et Marouan Rouin, deux chorégraphes qui ont interprété magistralement une œuvre puisée dans un work in progress signé Imed Jemâa et qui sera présenté à l’occasion du 40ème jour du décès de Nejib Ben Khalfallah.
Ce fut au tour de Mohamed Chniti et Meriem Bouajaja d’ouvrir le bal avec la première de Novice No-vice, une création 2020 avec le soutien du ministère des Affaires Culturelles et de VIADANSE, le Centre chorégraphique National de Belfort, une œuvre majeure interprétée avec cœur et grande technicité par les deux chorégraphes qui ont réussi à retenir l’attention du public de bout en bout.
Novice parle du corps dans toutes ses convulsions en offrant au public une belle démonstration de leurs immenses capacités de chorégraphes et de danseurs. Inspirés, ils le sont à plus d’un titre avec en sus une approche esthétique d’une modernité absolue qui défriche des sentiers nouveaux à la recherche du sens et du beau dans son état brut presque insolent. Novice est une expérience qui représente un voyage dans le temps dans un espace virtuel qui n’a pas de forme spécifique. L’œuvre convoque un corps rebelle non identifié, entre hésitation et précision. Un questionnement perpétuel et profond sur l’être et le devenir et son rapport avec une société humaine ose juger même les corps non identifiés.
Un spectacle chorégraphique en perpétuelle mouvance
La deuxième partie de la soirée était consacrée à Andalouse(s) ou Un solo à plusieurs, une création chorégraphique de Nesrine Chaabouni, qui durant presque une heure a fait voyager le public dans un autre temps, d’autres cultures qui se mêlent et se croisent dans une belle harmonie de sons et de lumières. Ce solo rend hommage aux personnalités historiques choisies afin de frayer une traversée dans le corps dansant les figures de ces andalouses extraites de l’histoire arabo-andalouse mais aussi des Andalouses contemporaines, comme Raja Ben Amar ou de la chorégraphe même d’origine andalouse en tant que danseuse et artiste chorégraphique.
Ce solo se ressource d’une part de plusieurs identités corporelles, artistiques et culturelles afin de frayer son chemin chorégraphique par le langage de la danse contemporaine ici et maintenant.
En s’appuyant sur une documentation iconographique des peintures orientalistes, mais aussi avec un regard critique sur ces icônes dans leur aspect pittoresque et exotique, ce solo décrypte ces danses au fil du temps, les lignes du corps, les musiques qui les accompagnaient en vue de réécrire une nouvelle poïétique du corps en passant par l’abstraction et le dénuement des clichés.
Nesrine Chaabouni a exhumé des icônes de la danse du ventre, de la danse tzigane et du flamenco sur une dramaturgie et une mise en scène de Elyes Rebhi.
Un spectacle chorégraphique en perpétuelle mouvance où le son, la musique, la vidéo, l’image et la lumière constituent une unité d’immersion sonore et visuelle.