Des grandes transformations, le secteur de l’intérim n’a pas été épargné. De nouveaux modèles sont en train de voir le jour. En fait, le travail temporaire ou encore l’intérim est une activité qui consiste à mettre en relation des demandeurs d’emploi et des entreprises. Le cabinet ou l’agence d’intérim se charge des procédures administratives liées au contrat de travail, la déclaration, le paiement des cotisations, la gestion des fiches de paie, etc.
L’industrie de l’intérim joue un rôle important dans les économies développées. La flexibilité de l’emploi (missions de courte durée, facturation à l’heure, disponibilité de profils variés,…) représente un atout majeur pour cette industrie qui a réussi à se faire une place auprès des entreprises évoluant dans les secteurs à fort turnover tels que la restauration, l’hôtellerie, la manutention, le bâtiment, la vente, etc.
L’innovation disruptive et les technologies avancées ont bouleversé les paradigmes économiques traditionnels. Les plateformes numériques de mise en relation, les technologies de matching (IA, deep learning) ou encore la décentralisation digitale assurée par la blockchain ont transformé les modèles de business. De nouveaux concepts sont en train de se former comme l’intérim digital, les plateformes de Freelancing ou encore le Jobbing. Ces nouveaux modèles commencent à attiser les convoitises à la fois des acteurs traditionnels (les agences d’intérim) et des startupeurs à la recherche de créneaux porteurs de potentiel.
Énorme potentiel de l’intérim digital
Selon une étude menée en France par le Groupe Xerfi, le secteur de l’intérim digital ne cesse de gagner de l’intérêt auprès des investisseurs. Le secteur dispose d’une grande capacité à lever des fonds sur les marchés financiers. La même étude souligne que l’intérim digital n’atteindra sa maturité de croissance qu’en 2025.
Les plateformes digitales offrent des services d’intermédiation personnalisés grâce essentiellement à un matching de profils ultra ciblés et à un service de géolocalisation. Cela permet ainsi un accès facile, simple et immédiat à une large base de candidats et de missions mise à jour en temps réel. Avec un fonctionnement sans paperasse (dématérialisation des documents), sans visites physiques des candidats en agences (CV vidéo) associé à un système de notation, les plateformes d’intérim offrent une expérience unique aux intérimaires et aux entreprises clientes. Compte tenu des offres personnalisées et des prix compétitifs (en raison de leurs faibles charges comparé aux agences physiques) les plateformes digitales séduisent de plus en plus les PME et commencent à s’infiltrer dans de nouveaux secteurs comme la finance, l’informatique, les banques, etc.
Les plateformes digitales trouvent aussi du succès chez les freelancers et les jobbers qui sont des travailleurs indépendants.
Les freelancers (informaticiens, consultants…) trouvent dans ces outils plusieurs avantages; des missions en adéquation avec leur profil, une mise en valeur de leur travail grâce aux systèmes de notation, de la publicité, etc.
Les jobbers qui sont souvent des dépanneurs (électricien, plombier, peintre…) en statut auto-entrepreneur réussissent à dénicher des petites missions auprès des particuliers parmi leurs voisins, ou dans leur communauté qui sont à la recherche de services rapides et de proximité, ou encore auprès des professionnels qui auraient besoin d’un coup de main pour faire face à un pic d’activité. À la fin du jour, chacun y trouve son compte.
Quels bénéfices pour la Tunisie ?
L’intérim digital peut apporter une grande bouffée d’oxygène au marché d’emploi qui connaît de grandes difficultés aggravées par la crise pandémique.
Des recommandations qui ont été récemment émises par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE) insistent sur l’importance de développer le travail temporaire en Tunisie à travers la création d’un cadre réglementaire moderne capable de relancer ce secteur et lui offrir les conditions de réussite.
Pour pouvoir bénéficier de ce levier, il est primordial d’accélérer la création et la mise en place du statut “Auto-entrepreneur”.
Ce statut permettrait aux sans-emplois, aux travailleurs à la journée, aux diplômés, etc… d’entrer dans la vie économique. En tant qu’auto-entrepreneur et à travers les plateformes de mise en relation, ces prestataires de service pourront effectuer des missions auprès des particuliers, des petits commerces, ou encore auprès des TPE/PME.
Compte tenu de la lenteur administrative, un recours au statut actuel du “Travailleur Indépendant” après un aménagement juridique pourrait être une solution provisoire en attente d’une finalisation du cadre réglementaire de l’Auto-entrepreneur.
Actuellement, le statut “Travailleur Indépendant” auprès de la CNSS est réservé à certaines catégories professionnelles comme les artisans, les dirigeants d’entreprises, les chauffeurs,… avec un taux de cotisations sociales très élevé (14.75% du revenu total).
Il suffirait donc d’élargir ce statut aux sans-emplois avec une réduction des taux de cotisations (12 à 15% y compris l’IR) pour débloquer la situation.
Plus que jamais, nous avons besoin de ce genre de dispositifs pour confronter le chômage galopant que connaît le pays.