Qui aurait cru qu’en Tunisie, le télétravail devient une réalité pour des milliers d’employés. Et pourtant, c’est la réalité qu’a imposé la crise sanitaire mondiale. Pour en parler, Mohamed Fadhel Kraiem, ministre des TIC, était l’invité, hier 16 avril 2020, de Mariem Belkadhi sur la chaîne Al Hiwar Ettounsi. Voici ce qu’il avait à dire.
Le digital fait désormais partie intégrante de la vie de millions de citoyens tunisiens, aussi bien pour travailler, pour s’approvisionner que pour se divertir. “Il est aujourd’hui plus que jamais clair que la digitalisation n’est pas uniquement une solution pendant la crise , mais elle peut aussi simplifier la vie aux entreprises et aux citoyens”, a souligné Mohamed Fadhel Kraiem, ministre des TIC.
Ceci est sans doute une opportunité en or pour rattraper le grand retard qu’a accusé la Tunisie en termes de digitalisation, non pas par manque de connaissances, comme le note le ministre, mais à cause des méthodes de travail. Kraiem a déploré la lourdeur des procédures administratives qui peuvent s’allonger jusqu’à 18 mois avant de démarrer l’exécution de projets. “Il faut simplifier les procédures et accélérer les transactions”, a-t-il indiqué.
Identifiant unique
Parmi les projets qui ont démarré depuis de longues années sans aboutissement, l’identifiant unique est parmi les plus importants. Si ce projet voit le jour, il promet de changer radicalement plusieurs aspects de la vie de tous les jours. Et pourtant, on attend toujours sa finalisation … bien que des avancements importants ont été déjà réalisées. “Nous avons une base de données de 15 millions d’enregistrements pour lesquelles l’identifiant unique est déjà en place”, a souligné le ministre. Et d’ajouter: “Mais il n’est toujours pas utilisé”.
Ceci va peut-être changer rapidement. Car, avec la crise, le recours au digital est devenu un must. C’est ainsi, par exemple, que les dossiers des familles recevant l’aide de l’État ont été numérisés en moins d’un mois, comme l’a noté le ministre. “Ceci nous a permis de croiser les données et de détecter des cas d’abus”, a-t-il confirmé. En soulignant qu’il s’agit ici notamment d’une première étape pour l’optimisation des subventions de l’État.
Quant à la protection des données personnelles associées à l’identifiant unique, le ministre a rassuré quant au respect des règles de protection de ces données. C’était aussi le cas, selon le ministre, pour toutes les applications développées dernièrement au profit du ministère de la Santé. “Nous étions en étroite collaboration avec l’INPDP et toutes ces applications respectent les normes de protection des données personnelles”, a-t-il indiqué.
Renforcer l’infrastructure
Tout effort de digitalisation ne peut avoir lieu sans l’amélioration de l’infrastructure numérique du pays. Le ministre en est conscient surtout que “de plus en plus d’applications sont gourmandes en débit”. Dans ce cadre, il a indiqué qu’il est nécessaire d’accélérer le déploiement du très haut débit. Et ce, pour faire face à cette évolution.
Quant au mobile paiement, le ministre a souligné que l’obstacle n’est pas technique puisque les solutions existent depuis très longtemps. “C’est un problème réglementaire”, a-t-il indiqué. Ce blocage a été déverrouillé selon le ministre surtout que la Banque Centrale a déjà publié, depuis 2018, une circulaire concernant les établissements de paiement. “La bonne nouvelle est que deux établissements ont déjà eu l’agrément pour le mobile paiement”, a-t-il indiqué.
Quant aux priorités de Mohamed Fadhel Kraiem à la tête du ministère des TIC, elles sont du nombre de trois: accélérer l’inclusion financière, renforcer la digitalisation de l’administration. Ainsi qu’améliorer et renforcer l’infrastructure numérique pour les établissements de l’éducation.
“Si ces projets se réalisent, je suis certain qu’ils changeraient la vie de tous les Tunisiens”, a-t-il conclu.