‘’Nous avons décidé de lancer l’action humanitaire ‘’YED-YED’’, initiée par un groupe de personnes en partenariat avec le ministère des Affaires Sociales et l’association Enda inter-arabe pour venir en aide aux familles nécessiteuses grâce à des dons en espèces ou en nature’’, vient de nous annoncer Lamjed Ben Mbarek, Associé Grant Thornton Tunisie.
‘’Alors que beaucoup voient le virus Corona/Covid-19 comme une grande catastrophe, je préfère le voir comme un ‘’Grand correcteur’’, comme l’a si bien dit Bill Gates. Cette catastrophe nous rappelle l’importance de notre vie familiale, à quel point notre santé est précieuse, que nous sommes tous égaux, que nous sommes tous connectés, que notre Terre est malade…’’, assure Lamjed Ben Mbarek, Associé Grant Thornton Tunisie.
Situation critique des familles nécessiteuses
Ben Mbarek avertit que l’économie tunisienne subira sans doute une récession de -1,5%, une détérioration du déficit budgétaire global et des difficultés pour les secteurs qui ont montré des signes précoces de vulnérabilité (tourisme, transport, logistique des chaînes d’approvisionnement, mais aussi le secteur informel). ‘’La Tunisie souffrira grandement si la récession attendue s’aggrave davantage à l’échelle mondiale et en Europe et si la demande intérieure continue de baisser en raison de la fermeture prolongée des activités pour contenir la propagation de la pandémie et son impact sur les revenus des salariés et des entreprises.
Seulement, notre interlocuteur semble singulièrement inquiet de la hausse de la pauvreté : ‘’En raison de la crise économique, près de 4,5 millions de Tunisiens pourraient tomber dans la pauvreté. L’impact de la crise sera probablement ressenti en premier lieu par ceux qui ont un emploi informel, soit les trois millions des travailleurs tunisiens généralement employés dans des secteurs vulnérables, tels que le tourisme, les services, ainsi que par ceux de l’économie des concerts et ceux qui ne peuvent pas travailler à distance’’.
C’est à l’adresse de ces centaines de milliers de familles tunisiennes à très faible revenu qui sont dans le besoin ou qui se sont malheureusement retrouvées dans une situation très critique suite au confinement sanitaire total qu’il vient de prendre une initiative citoyenne pour rejoindre l’effort national de lutte contre le Covid-19.
‘’Face à cette situation alarmante, nous avons décidé de lancer l’action humanitaire ‘’YED-YED’’, initiée par un groupe de personnes en partenariat avec le ministère des Affaires Sociales et l’association Enda inter-arabe pour venir en aide aux familles nécessiteuses grâce à des dons en espèces ou en nature’’, annonce-t-il.
Grâce au réseau de Enda inter-arabe, réparti partout en Tunisie, son ambition est de soutenir 240 000 familles sur tout le territoire tunisien. Le don en nature sera un couffin moyen de 100DT avec des produits alimentaires de première nécessité (pâtes, couscous, farine, lait, huile, œufs, tomate concentrée, harissa, sucre, café, thé, poulet, produits de nettoyage, thon, …). Ces couffins seront distribués aux familles via le réseau de Enda inter-arabe, le ministère des Affaires Sociales, les associations régionales et des bénévoles en couvrant toutes les régions du territoire tunisien.
Sur ce point particulier, Ben Mbarek nous confie son incompréhension de la décision des reports d’échéances des salariés pour lesquels les choses ne changent pas alors que les plus grands efforts doivent cibler les ouvriers qui n’ont aucune garantie de recevoir des émoluments.
Création d’un fonds de soutien pour les PMI/PME
Il nous offre ainsi la transition vers les mesures prises quand il est clair que si le gouvernement semble plein de bonne volonté dans cette lutte, il a besoin du conseil des plus avertis. Après une expérience de plus de 20 ans en cabinet d’audit et d’expertise comptable avant de rejoindre le réseau Grant Thornton après de longs passages à Price Waterhouse Cooper et à Baker Tilly Tunisie, notre interlocuteur nous confie quelques recommandations pour l’équipe Fakhfakh :
‘’-Avec peu ou pas d’intervention de la part des gouvernements, le coût économique de cette pandémie sera immense. La priorité du gouvernement devrait être la dépense sanitaire avec une stratégie appropriée pour aplatir la courbe de contagion qui pourrait faire un rebond à l’automne de 2020,
-Une proposition simple (et selon un consensus mondial) : ‘Testing aléatoire’ pour identifier les chemins de contagion et ensuite ‘des tests ciblés’ et surveillance pour les gens avec le plus de probabilité de contagion,
-La Banque Centrale devrait fournir du financement aux banques, pas uniquement à travers leurs propres réserves mais aussi en éditant des billets si nécessaire,
-Alléger la pression fiscale et sociale sur les entreprises privées touchées par le Covid-19 : la prise en charge de la cotisation sociale employeur, report de paiement de la part RS employeur,
-Création d’un fonds de soutien pour les PMI/PME dédié à la préservation des emplois au sein de celles-ci,
-Mise en place de mesures de facilités de trésorerie aux entreprises (toute taille confondue) par les banques avec l’appui de l’Etat’’.
Un dernier point. Il y a quelques semaines, Ben Mbarek offrait une salle interactive à son ancienne école en guise de reconnaissance pour l’IHEC où il avait poursuivi ses études il y a 25 ans. Une nouvelle salle de conférence avec un tableau numérique qui permet aux enseignants de donner des cours, d’interagir à distance avec les étudiants et de tirer profit des conférences données par des enseignants à l’étranger et à travers laquelle les étudiants peuvent suivre les cours à distance.
Cette initiative prend aujourd’hui une nouvelle dimension alors que le cantonnement est la règle et que tout le monde s’interroge sur les nouveaux modes de travail.