Comme attendu, la crise du COVID-19 a laissé ses traces sur l’inflation. En se basant sur les données relevées auprès de 71% des points de vente initialement programmés à cause du confinement, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,8% en rythme séquentiel. Une hausse qui marque la fin de six mois successifs de baisse et qui renvoie le taux à 6,2%.
La forte demande sur les produits alimentaires a été décisive : +6,9% dans les prix des légumes frais, +4,1% pour les volailles, +2,8% pour les fruits frais, +2,6% pour les poissons, +1,9% pour les œufs et +1,7% pour la viande bovine. Idem pour les boissons alcoolisées (+4,2%) et le tabac (+4,5%). Quant aux prix des produits d’entretien courant au foyer et ceux du soin personnel, ils ont progressé de 0,9%. L’inflation sous-jacente a retrouvé le niveau de 7%, avec la hausse des prix des produits alimentaires libres de 5,8%.
L’inflation est le premier indicateur macroéconomique phare sanctionné par la crise du COVID-19. Un seul mois était capable de balayer les efforts de toute une année des autorités monétaires. Avec un confinement qui va continuer au moins jusqu’au 19 avril, les difficultés d’approvisionnement et la suspension des importations de plusieurs produits, il serait peu probable de voir les prix se stabiliser. Les transferts sociaux massifs durant le mois d’avril auront également un impact sur l’indice du mois en cours.
Les conséquences sont multiples. Pour la BCT, et après la baisse de son Taux Directeur de 100 points de base, la marge de sécurité par rapport à un taux d’intérêt réel négatif s’est effritée. Aucune nouvelle révision n’interviendra à court terme.
De point de vue social, le Gouvernement n’aura pas la vie facile. Le ministre des Finances était clair dans sa dernière sortie devant l’ARP : la situation des finances publiques s’est dégradée et il compte bien prendre des décisions douloureuses pour la redresser. Autrement dit, si les choses ne bougent pas, l’Etat risque de ne pas trouver les ressources pour garder le même rythme de dépenses durant les prochains moins. Toutes les bonnes décisions passent par l’austérité et la redistribution des budgets qui ne seraient sans effets sur la qualité des services publics. Le dossier des 104 entités déficitaires détenues par l’Etat sera également un dossier chaud, surtout avec un syndicat qui les considère comme les « bijoux de la famille ». Nous sommes bien servis pour les mois à venir.