La principale préoccupation des chefs d’entreprises cette période est le bouclage du schéma de financement de leurs cycles d’exploitation. L’activité économique est quasiment à l’arrêt et une large partie du personnel est indisponible, ce qui réduit la marge de manœuvre de l’entreprise.
Un financement très bancaire
Le financement de l’économie tunisienne repose sur les établissements de crédit. L’encours de crédits accordés par les banques s’élève à 73,954 MdsTND fin novembre 2019. Les autres établissements, essentiellement les compagnies de leasing, ont un encours de 4,300 MdsTND.
Si nous nous limitions aux crédits attribués aux entreprises, l’encours s’élève à 68,118 MdsTND fin décembre 2019, selon les chiffres provisoires de la BCT. L’agriculture est le secteur le moins gourmand en consommant seulement 4,2% de ces ressources (2,911 MdsTND), un petit montant par rapport à l’industrie qui s’accapare 36,6% (24,968 MdsTND) et les Services qui attirent 59% des financements (40,238 MdsTND).
Par détail, les industries manufacturières ont un endettement qui se chiffre à 21,056 MdsTND. Le second secteur est le Commerce, Réparation d’automobiles et d’articles domestiques dont la dette s’élève à 15,355 MdsTND. Les Hôtels & Restaurants ont un encours de 4,428 MdsTND.
En ce qui concerne le capital investissement, nous disposons des chiffres de 2018 : 443 MTND d’investissement répartis sur 158 entreprises. C’est un segment réservé aux entités les plus structurées, ce qui n’est pas le cas de la majorité de notre tissu économique.
Quant à la microfinance, l’encours s’élève à 1,171 fin septembre 2019, avec une moyenne de 1 900 TND/client. C’est effectivement cette catégorie d’emprunteurs qui est la plus fragile puisqu’il s’agit des petits commerces pénalisés par le confinement actuel, susceptible d’être prolongé pour encore de longues semaines.
Où trouver les ressources ?
Ce snapshot ne fait que compliquer la situation. Les chargés de clients sont bombardés par les demandes des entreprises alors que les journées de travail sont écourtées. Pour voir son dossier traité, il faut certainement du temps alors que l’exploitation, même en arrêt, n’attend pas.
Il faut donc commercer par exploiter le maximum de ressources internes. Retenir les dividendes serait une décision rationnelle. Distribuer un bénéfice pour les actionnaires alors que l’entreprise pourrait essuyer des pertes colossales durant l’exercice suivant n’a aucun sens.
La deuxième décision concerne la gestion du cycle d’exploitation, à commencer par les stocks qui consomment des ressources. Il faut absolument les optimiser en tenant compte de l’activité et de la durée de vie des produits concernés. En parallèle, l’entreprise doit travailler sur le rallongement des délais de paiement de ses fournisseurs tout en maximisant l’encaissement des créances clients. Réduire le BFR est la priorité absolue.
Cette dynamique interne sera appréciée par son prêteur et les demandes de financement trouveront leurs chemins beaucoup plus rapidement que les entités qui ne montrent aucune réaction.Il y a un capital crédibilité avec son bailleur de fonds qu’il faut créer et entretenir. En temps de crise, la touche managériale est indispensable. C’est elle qui fait la différence.