Atteignant les 3,4% en 2019, la croissance économique a été plus lente que prévue selon la BAD. C’est, en grande partie, en raison de la modeste expansion des principales économies du continent, à savoir l’Algérie, l’Egypte, le Maroc, le Nigéria et l’Afrique du Sud. En moyenne, ces pays ont réalisé une croissance de 3,1%, alors que les autres pays d’Afrique ont enregistré une croissance moyenne de 4%.
L’évolution de la richesse africaine est très vulnérable aux risques mondiaux de baisse selon le rapport de la BAD. Cette croissance modérée reflète, en effet, un environnement extérieur de plus en plus difficile. Dans ce contexte, le volume des échanges mondiaux a fortement ralenti. Sa croissance annuelle est passée de 5,7% en 2017 à 1,1% seulement en 2019. Cela concerne, notamment, les échanges de métaux et des denrées alimentaires. Il s’agit des deux principaux produits d’exportation du continent Africain.
Afrique de l’Est : championne au niveau de la croissance économique
Toujours sur le plan de la croissance économique, la BAD souligne l’existence d’une grande hétérogénéité entre les régions et les pays. L’augmentation la plus rapide a été constatée en Afrique de l’Est avec une croissance estimée à 5% en 2019. En tête, nous avons le Rwanda, l’Ethiopie et la Tanzanie. Une avancée spectaculaire a été réalisée au Soudan du Sud qui est passé de 0,5 à 5,8% de croissance en 2019.
Pour sa part, l’Afrique du Nord est considérée comme la seconde région de croissance la plus rapide d’après le rapport de la BAD, avec une croissance moyenne de 4,1% en 2019. Elle a été tirée vers le haut par les performances de l’Egypte (5,6% en 2019) qui a pu progresser grâce aux réformes et à l’extraction du gaz dans le Zohr. La région a néanmoins été pénalisée par le ralentissement de la croissance en Libye qui est passée de 7,8% en 2018 à 4% en 2019. C’est à cause des perturbations observées au niveau de la production pétrolière, elle-même, en proie aux tensions politiques.
L’Afrique de l’Ouest, quant à elle, a vu sa croissance économique s’accélérer, passant de 3,4% en 2018 à 3,7% en 2019. En tête de liste, on trouve le Ghana avec une croissance de 7,1% en 2019. Une performance réalisée grâce à la croissance des secteurs minier, pétrolier et agricole. La Côte d’Ivoire, pour sa part, a réalisé une croissance économique de 7,4% en 2019, et ce grâce à des investissements publics plus soutenus.
En ce qui concerne l’Afrique Centrale, la croissance est passée de 2,7% en 2018 à 3,2% en 2019, d’après le rapport de la BAD. L’accélération a touché la plupart des pays de la région, exception faite pour la République Démocratique du Congo (RDC) dont la croissance a plutôt reculé : de 5,8% en 2018 à 4,3% en 2019. En Afrique Australe, la tendance est baissière : la croissance globale est, en effet, passée de 1,2% en 2018 à 0,7% en 2019.
IDE : les flux vers l’Afrique sont plus importants qu’ailleurs
Par ailleurs, le rapport de la BAD indique que le total des apports financiers extérieurs à l’Afrique est resté le même en 2018, soient 205,7 milliards de dollars, mais avec quelques changements dans l’importance relative des sources de financement. Dans ce même contexte, les envois de fonds et l’IDE (Investissements Directs Etrangers) ont dominé le financement extérieur en 2018 dans un contexte marqué par la reprise économique mondiale, initiée depuis la mi-2016.
Selon la BAD, les envois de fonds dominent encore, pour atteindre 82,8 milliards de dollars (+7 points par rapport à 2017). Côté IDE, ils ont augmenté de 10,9 points en 2018 par rapport à 2017, pour atteindre les 45,9 milliards de dollars. Cependant, ils restent bien en-deçà de leurs meilleurs niveaux réalisés en 2015 : 56,9 milliards de dollars.
Il faut aussi noter que l’Afrique affiche la plus forte croissance mondiale des flux des IDE : +11 points. Les flux mondiaux, pour leur part, ont baissé de 13 points en général. La performance africaine s’explique, selon le rapport de la BAD, par la poursuite de l’afflux de fonds destinés à l’exploitation des ressources naturelles, par certains investissements diversifiés et par une reprise constatée en Afrique du Sud après plusieurs années de faible afflux.
En Afrique du Nord et en Afrique Australe, les IDE ont augmenté en 2018, stimulés par les flux allant vers le Maroc (+35,5 points) et l’Afrique du Sud (+165,8 points). Pour 2019, la BAD table pour une hausse de 15 points pour les IDE en Afrique.
Autres facteurs expliquant la forte croissance
La performance récente de l’Afrique en matière de croissance reflète en partie les ajustements macroéconomiques, les chocs transitoires des termes de l’échange et les changements des soldes budgétaires et extérieurs, ainsi que les retombées mondiales. Mais ils incarnent aussi des facteurs à plus long terme qui soutiennent la croissance des économies africaines.
Pour mieux comprendre ces moteurs à long terme de la performance de la croissance et pour expliquer les différences entre les pays, la BAD, dans sa décomposition comptable de la croissance et du développement, s’est concentrée sur les rôles relatifs du capital physique, du capital humain, de la mobilisation de la main-d’œuvre et de la productivité totale des facteurs. Ceci explique les niveaux et la dynamique du PIB par habitant et du PIB par travailleur au cours des quatre dernières décennies.
Cet exercice comptable permet d’identifier les sources des différences de performance économique des économies africaines et les déterminants de la croissance à long terme. Le rôle du capital humain comme moteur de la croissance de la productivité est plus fort dans les pays qui ont connu une croissance plus rapide du capital physique par travailleur, ce qui met en évidence une complémentarité potentielle entre le capital et les compétences. Les pouvoirs publics doivent donc associer les investissements dans la scolarisation à une meilleure adéquation entre les travailleurs instruits et les équipements et infrastructures de production.
Retrouvez l’intégralité du rapport de la BAD via ce lien. On vous propose, aussi, le top 10 des pays africains les plus attractifs pour les investisseurs, publié par la Banque d’affaires Sud-Africaine Rand Merchant Bank (RMB). La Tunisie y est 10ème.
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