Les opérateurs économiques sont habitués depuis quelques années à l’écart négatif entre la croissance réalisée et celle annoncée au début de l’exercice. Pour ceux qui préparent les budgets de l’année 2020, la progression du PIB est un input important. L’évolution des ventes d’un produit colle naturellement à celle de l’économie réelle et une entreprise ne peut pas se permettre de rater la première ligne de ses prévisions pour le nouvel an.
Nous allons donc faire notre propre calcul en utilisant des chiffres publiés par l’INS mais totalement délaissés. Il s’agit du PIB en volume. Ce qui est commenté et partagé par tous les médias est le PIB nominal qui n’est pas corrigé de l’inflation. Pour voir le vrai tableau, il faut se référer à l’écart de production entre le PIB en volume et celui potentiel (celui que nous pourrons atteindre si toutes les ressources productives disponibles sont utilisées) appelé écart de production. Ces capacités excédentaires de production sont une source d’inflation potentielle.
Dans son rapport de 2018, la BCT a souligné que cet écart s’est significativement rétréci sans exercer de pression sur le niveau général des prix, comme le confirme les derniers chiffres de l’inflation. Ainsi, une hausse de cette dernière en 2020 proviendrait des révisions des prix du carburant (très attendues) ou d’une forte dépréciation du dinar (peu probable).
La Banque Centrale devrait se féliciter de l’efficacité de sa politique monétaire et chercherait à consolider sa transmission dans l’économie. Elle pourra penser à toucher à son taux directeur si l’inflation confirme sa tendance actuelle, ce qui exclut, à notre avis, tout mouvement baissier des taux au moins durant les trois premiers mois de l’année. En même temps, il est peu probable de les voir augmenter de nouveau, ce qui nous donne un contexte macroéconomique en 2020 qui n’est autre que celui de 2019 légèrement amélioré.
Sans une vraie dynamique du monde de l’entreprise, comment le gouvernement actuel compte passer d’une croissance de 1,4% cette année à 2,7% en 2020 ? Le scénario présenté se base sur quatre éléments : de bonnes saisons oléicoles, céréalières et de pêche, une amélioration de la production des phosphates et l’entrée en vigueur du champ Nawara. Point commun entre ces facteurs : aucun lien avec le monde de l’entreprise. Avec des fondamentaux aussi fragiles et contexte serré du financement corporate, nous voyons mal comment nous pourrons atteindre la croissance prévue.
Ajustez vos estimations.