Les professionnels tunisiens ont brillé par leur présence dans cette édition du Mondial du Bâtiment – Batimat, Ideobain et Interclima -. C’est toute une délégation tunisienne qui s’est rendue au salon, sous l’égide de l’Ordre des architectes tunisiens (OAT). C’est un grand honneur pour notre pays, étant donné que ces professionnels permettront de faire connaître le savoir-faire tunisien dans le domaine du bâtiment et de la construction.
Le Manager a rencontré Amir Turki, architecte, expert international du bâtiment, enseignant et membre de la délégation tunisienne. Il affirme être fidèle au salon depuis qu’il était étudiant. Le principal défi pour la Tunisie, en tant que pays africain : comment reconstruire, avec quelle approche et avec quelle stratégie. “Les Tunisiens sont au coeur de la grande action de la reconstruction de l’Afrique. Nous avons l’africanité dans le sang, chose que les étrangers n’ont pas”, a-t-il assuré.
Il existe plusieurs obstacles empêchant les architectes de développer leurs activités et de nouer des partenariats avec les pays africains. D’après Amir Turki, le plan logistique doit être travaillé, notamment du côté de Tunisair. “Nous attendons des efforts de sa part [Tunisair] en vue de nous rapprocher davantage de l’Afrique. Ainsi, nous éviterons une triangulation par l’Europe. “Nous devons prêter main-forte à l’Afrique, ce n’est pas par hasard que les Etats-Unis, les Chinois et les Turcs ont les yeux rivés sur notre continent”, a-t-il dit.
Absence de diplomatie économique, du soutien de l’Etat
Autre problématique soulevée par l’expert tunisien : l’absence d’une diplomatie économique efficace. Le ministère des Affaires Étrangères doit former les diplomates tunisiens sur les sujets économiques. D’un autre côté, lorsque des professionnels tunisiens partent à l’étranger, ils ne bénéficient pas forcément du soutien des ambassades. “J’espère, qu’un jour, on parlera de la success story de la Tunisie et non celle d’une entreprise du secteur privée”, a-t-il déclaré.
Le secteur du bâtiment, poursuit Amir Turki, est saturé en Tunisie. On compte 5000 architectes et le marché est bouleversé. “On compte plus de projets à l’arrêt que des projets en construction ! Nous avons besoin, d’un autre côté, de l’accompagnement de l’Etat. On ne peut pas gérer les marchés africains à distance. Ce sont des marchés de proximité auxquels il faut se rendre. Il faut encourager les architectes tunisiens”, a encore dit Amir Turki.
Dans ce même contexte, il considère que les Tunisiens doivent agir ensemble et que l’Etat doit, enfin, se tenir à leurs côtés. Revenant sur le sujet de Tunisair, il affirme que notre compagnie nationale devrait prendre exemple sur la Royale Air Maroc. Celle-ci autorise le décollage d’un avion même avec peu de passagers, alors que ce n’est pas le cas de Tunisair.
D’autre part, l’expert tunisien a assuré que les professionnels tunisiens seront présents lors du Sommet Afrique-France, prévu pour juin 2020 (Bordeaux, France). Ils seront également présents lors de la seconde édition du Forum Archi World Africa (Sénégal), où seront présents 18 pays africains. “Il faut développer un partenariat Sud-Sud entre les pays africains. Les Européens ne sont pas convaincus de notre capacité à décoller seuls. Or, nous en sommes capables !”, a-t-il encore ajouté.