Les chiffres issus des indicateurs d’activité des banques pour le troisième quart de l’année ont prouvé que nos établissements de crédits se dirigent vers une année mitigée.
Côté revenus, 2019 sera un record. La marge d’intérêt a progressé de 17,2% sur la période juillet-septembre 2019 à 662,885 MTND. Les revenus des portefeuilles d’investissements ont montré une résilience en dépit des pressions sur l’activité de change et se sont établis à 268,070 MTND. En parallèle, les commissions nettes dégagées par les banques ont confirmé leur tendance haussière en signant une amélioration de 11,4%, en rythme annuel, à 260,635 MTND. En montant, elles pourraient même dépasser les revenus de portefeuilles durant le dernier quart de l’année. Cela a permis d’atteindre un Produit Net Bancaire (PNB) global de 1,191 MdTND pour le seul 3ème trimestre. Depuis le début de l’année, le PNB s’est établi à 3,545 MdsTND, une hausse de 14%. Les banques profitent toujours de l’environnement haussier des taux et des frais qu’elles facturent à leurs clients.
Au niveau opérationnel, le 3ème trimestre a été marqué par une collecte nette de dépôts de 1,855 MdTND. Par rapport au trimestre précédent, l’activité s’est améliorée puisque l’encours avait progressé de 1,174 MdTND seulement durant cette période. Cela s’explique également par la bonne performance de quelques secteurs économiques, notamment le Tourisme, et par le rythme élevé de conversion de devises en dinars.
Mais cela ce n’est pas traduit par des volumes de financements plus importants à l’économie. L’encours de crédits a augmenté de seulement de 464,631 MTND. Encore une fois, les barrières réglementaires imposées par la BCT, via son ratio Crédits/Dépôts, a fonctionné et a limité l’engouement commercial des banques. Depuis le début de l’année, les 4,083 MdsTND de dépôts nets additionnels n’ont permis aux banques qu’une augmentation nette des crédits que de 2,189 MdsTND. Pour mieux cerner la différence, il faut remonter un peu dans le temps. En 2017, les banques ont collecté 5,557 MdsTND de dépôts nets supplémentaires, mais l’encours de crédits s’est accru de 7,969 MdsTND. L’équation s’est inversée et l’effet multiplicateur n’existe plus.
En termes de résultats, il est certain que seule une petite partie de cette croissance du top line sera observée au bottom line. Il y’a d’abord une hausse des charges opératoires de 11% à 1,608 MdTND, dont 1,062 MdTND de frais de personnel. Cela sans oublier le coût du risque qui va flamber, confirmant la tendance du premier semestre. Le scénario le plus plausible est une hausse modeste des bénéfices des banques et un dividende stable. Les investisseurs en Bourse l’ont déjà anticipé et le secteur a laissé des plumes depuis le début de l’année. Les établissements de crédits font face à d’énormes défis : la gestion des risques en 2019-20 et l’IFRS à partir de 2021. Désormais, les banques sont un investissement pour adultes.