C’est le grand jour pour l’Université Franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée (UFTAM) : vendredi 4 octobre 2019, l’établissement a officiellement pris ses quartiers dans ses locaux au sein de la Tunis Business School (TBS), à El Mourouj. A cette occasion, une conférence de presse a été organisée le même jour en présence du ministre de l’Enseignement Supérieure et de la Recherche Scientifique, Slim Khalbous, de son homologue française, Frédérique Vidal, et de plusieurs autres responsables tunisiens, français et d’Afrique subsaharienne : ambassadeur de la Côte d’Ivoire, Recteur de Paris, présidente de l’Université de Carthage, … et bien d’autres.
L’UFTAM occupera une partie des locaux de TBS pour commencer. D’ailleurs, une convention a été signée ce vendredi à cet effet par le coordinateur de l’UFTAM et président de l’Université de Tunis, Habib Sidhom, et le directeur de Tunis Business School, Naceur Azaïez.
“L’enseignement supérieur autrement” : c’était le mot d’ordre qui a été réitéré par les deux ministres lors de leurs interventions. L’UFTAM n’a pas été lancée pour concurrencer les universités tunisiennes déjà existantes : loin de là selon les deux responsables. Il s’agit, principalement, d’offrir une formation pluridisciplinaire adaptée aux besoins du marché du travail.
Des diplômes conçus avec des chefs d’entreprise pour mieux répondre aux besoins du marché du travail
“Il s’agit d’un projet lancé par deux États, fondé par des universités publiques et ouvert au secteur privé. Les diplômes sont européens et français”, a rappelé Slim Khalbous en réagissant à une série de questions posées par Le Manager. Pour l’année universitaire 2019-2020, on compte une bonne centaine d’étudiants inscrits en deux promotions de Master. Les recrutements sont en cours pour un troisième Master, selon la ministre française de l’Enseignement Supérieur. “75% des étudiants inscrits viennent d’Afrique subsaharienne. Les 25% restants sont des Tunisiens. Il s’agit de proposer des formations pluridisciplinaires qui répondent aux attentes du marché de l’emploi. Dans cette optique, des stages et des interactions avec les entreprises seront au programme. D’ailleurs, l’après-midi de ce vendredi, une réunion aura lieu avec des chefs d’entreprise pour discuter au sujet des formations”, a-t-elle déclaré.
Au niveau de la formation, Slim Khalbous a souligné que l’UFTAM va intégrer toutes les réformes engagées par la Tunisie, notamment au niveau de l’employabilité. Autre volet capital : la conception des diplômes. Pour le ministre, cette opération doit être effectuée en collaboration avec les chefs d’entreprise. “Il ne s’agit plus de leur demander de quels diplômes ils ont besoin, mais plutôt de quelles compétences”, a-t-il dit.
La formation en alternance sera également de mise, selon le ministre tunisien et, d’ailleurs, le concept sera également appliquée dans les universités tunisiennes. “On dispose déjà d’un texte réglementant la formation par alternance en Tunisie depuis février 2018”, a-t-il ajouté.
Des bourses accordées au mérite
L’autre question brûlante porte, par ailleurs, sur les frais d’inscription. Pour un Master au sein de l’UFTAM, il faudra débourser 9000 TND par an. Les prix varient entre 250 et 1500 TND pour les autres types de formations, à l’instar des certificats. Ces prix, pour un Tunisien de la classe moyenne, peuvent constituer un obstacle, mais les deux ministres se sont voulus rassurants sur ce point : “Personne ne doit être empêché d’étudier à l’UFTAM pour des raisons économiques”, a assuré la ministre française de l’Enseignement Supérieur. Dans ce contexte, des bourses et un système d’exonérations ont été mis en place afin de permettre aux étudiants d’accéder à l’Université.
Pour sa part, Slim Khalbous a indiqué que ces bourses sont accordées au mérite car l’objectif est d’assurer l’excellence et de former les cadres et les porteurs de projets de demain. Il faut rappeler, poursuit-il, que l’UFTAM propose des diplômes européens, donc de haut niveau. De ce fait, les frais d’inscription ne sont pas si élevés que cela si on les compare avec ceux pratiqués par certaines universités privées en Tunisie.
La nécessité d’une relation de complémentarité entre l’UFTAM et les universités publiques
Le lancement de l’UFTAM constitue un excellent pas franchi dans le cadre de la coopération tuniso-française en matière d’enseignement supérieur et de recherche scientifique. Ce nouvel établissement disposera-t-il des moyens de ses ambitions ? Par ailleurs, en aucun cas, l’UFTAM ne devrait faire de l’ombre aux établissements universitaires tunisiens qui, eux aussi, proposent des formations de qualité.
Néanmoins, le manque de compétences en soft skills est notable chez une bonne partie de nos jeunes diplômés, d’autant plus que certaines autres filières, comme celles des sciences humaines, sont loin d’être rompues au digital. De ce fait, il est difficile pour les nouveaux diplômés de répondre aux besoin d’un marché concurrentiel et de plus en plus digitalisé. D’où l’importance d’une relation de complémentarité entre les universités tunisiennes – publiques et privées – et l’UFTAM.