Tunis abrite le premier colloque international sur l’économie sociale et solidaire, les 18 et 19 octobre. Organisé par l’Association Entreprendre au Maghreb, le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, l’Organisation internationale du travail et l’ambassade des Pays-Bas à Tunis, l’événement a pour objectif d’impulser une dynamique et d’accélérer la prise de conscience autour des enjeux de l’économie sociale et solidaire en Tunisie, en abordant les questions centrales liées au financement, à la promotion de l’investissement, au cadre légal et à la promotion de la femme rurale.
L’événement a été rehaussé par Faouzi Abderrahmane, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Samir Bettaieb, ministre de l’Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydrauliques, Antonius Lansink, ambassadeur du Royaume des Pays-Bas, Christophe Itier, haut-commissaire de l’Économie sociale et solidaire et Mohamed Ali Deyahi, directeur du Bureau de l’OIT pour les pays du Maghreb.
Lors de l’ouverture officielle, le ministre a rappelé l’importance de développer l’économie sociale et solidaire (ESS), compte tenu notamment des enjeux économiques et sociaux de la Tunisie. Rappelant que l’ESS représente moins de 1% du PIB de la Tunisie, alors que dans d’autre pays, elle contribue à hauteur de 10 et 15%.
Selon Faouzi Abderrahmane, le projet de loi sur l’économie sociale et solidaire est sur le point d’être finalisé et passera en Conseil de ministres dans quelques jours. Un grand pas pour la Tunisie, qui fait partie des rares pays à avoir instauré un cadre réglementaire. Ce texte de loi, rappelons-le, est basé sur une large consultation nationale, qui a débuté il y a plus de deux ans, et ayant impliqué l’ensemble des parties prenantes: ministères, UGTT, UTICA, UTAP ainsi que les institutions de la société civile, avec le soutien de l’OIT. Le texte de loi se base sur l’initiative législative de l’UGTT ainsi que l’étude stratégique élaborée par le ministère de l’Investissement et de la coopération internationale, en partenariat avec le PNUD.
Le projet prend en considération les travaux de la conférence nationale sur l’emploi, dans le cadre de la déclaration tunisienne sur l’emploi de 2016 ainsi que les orientations du Plan quinquennal 2016–2020 et celles de l’accord de Carthage du gouvernement d’union nationale.
Il s’agit d’un projet de loi stratégique car il instaure les fondements de l’économie sociale et solidaire en Tunisie, troisième secteur après les secteurs public et privé, avec pour finalités : la primauté des personnes et du travail sur le capital, l’autonomie de gestion, le processus de décision démocratique, la primauté du service sur le profit en assurant une activité économique et productive.
“La Tunisie ne nous a pas attendu pour faire des projets d’économie sociale et solidaires. Plusieurs initiatives ont émergé en Tunisie, et notamment dans les régions intérieures. Notre ambition d’ici 2020 est de porter l’ESS à 5% du PIB en Tunisie. Il s’agit là d’un vrai pilier de l’économie en plus du public et du privé, et c’est pour cela qu’il faut être ambitieux. Il nous faut des coopératives, nous n’allons pas nous contenter de petits projets. Il faut également qu’on accompagne toute cette démarche car le support financier n’est pas dans la loi, les incitations doivent aussi être intégrées dans le Code des investissements. Et au-delà du code, il faut qu’on réfléchisse à des idées novatrices pour financer cette économie”. a déclaré le ministre
De nouveaux centres de formation pour l’économie sociale et solidaire
La formation devra constituer un axe majeur dans les efforts fournis par le gouvernement et la société civile. Ainsi, le Ministre a annoncé que les treize centres de formation de la femme rurale sont en train d’être transformés en centres de formation pour l’ESS. “Nous allons également ajouter des centres de formation pour l’artisanat”, a précisé le ministre.