“L’ Exportation des services de santé : opportunités et leviers de performance” a été au cœur de la Matinale organisée par AlumnIHEC, une rencontre touchant le plus essentiel du tourisme médical en Tunisie et qui a réuni à Sfax des représentants d’un certain nombre d’organismes professionnels et de structures administratives et scientifiques, tels que la faculté de Médecine de Sfax, la Chambre syndicale des cliniques privées, l’Instance nationale de l’accréditation en santé et la direction régionale de la santé.
En chef de cérémonie, Karim Ammous, président régional de l’AumnIHEC Carthage à Sfax a déclaré au lancement de la rencontre que cette manifestation se fixe comme objectif la définition des orientations et des stratégies à tracer et à suivre dans le but de booster le tourisme médical en Tunisie qui a vu un essor remarquable sur les dix dernières années. Il indiquera de même que : « le nombre des patients étrangers recevant des soins en Tunisie s’établit à hauteur de 450 mille en 2013 contre seulement 150 mille en 2007. 70% de ces patients étrangers sont de nationalité maghrébine essentiellement libyenne et algérienne. 12% des patients proviennent d’Europe. »
Nadia Fenina, conseillère et chargée de mission à l’unité d’exportation des services de santé relevant du ministère de la Santé publique a ouvert le bal des interventions. Elle notera qu’il n’y pas que les services liés à la santé qui forment l’intérêt dans ce cadre mais aussi l’industrie pharmaceutique en plein développement ainsi que la formation. Nadia Fenina évoquera ensuite l’état des lieux de la situation d’exportation des services de santé en faisant état d’une étude élaborée à cet effet en 2014 par le ministère de la Santé publique en collaboration avec la Banque africaine de développement.
La conseillère expliquera que le nombre de patients étrangers a été estimé à hauteur de 376 mille en 2013 dont 50% sont de nationalité libyenne. Aujourd’hui ce chiffre se révise à 40 mille patients libyens seulement, ce qui explique la chute du chiffre d’affaires en matière de services de santé. La Tunisie se classe d’ailleurs en première place à l’échelle africaine avec 490 millions de dinars de chiffre d’affaires dont 191 millions de dinars réalisés par les cliniques privées. Nadia Fenina a précisé à ce titre que sur la période de 2003–2013, soit 10 années, le chiffre d’affaires a été multiplié par 7 soulignant qu’en 2017, nous ne sommes pas loin des chiffres de 2013 avec une sensible amélioration justifiée par de nouvelles activités.
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Nadia Fenani a indiqué, par la suite, qu’une étude sur l’exportation des services de santé est en cours d’élaboration avec le soutien de la BAD, dont le but est de faire ressortir l’effet des actions recommandées par l’étude effectuée en 2013.
A juste titre, cette dernière a démontré alors qu’une structure dédiée spécialement à l’exportation des services de santé, notamment une agence destinée à la promotion des investissements et des exportations des services de santé, fait encore défaut en Tunisie. Il a de même été constaté un manque au niveau de l’action marketing menée pour la promotion de la Tunisie en tant que destination de services à la santé. L’objectif est également de soutenir les réformes économiques et de moderniser l’infrastructure sanitaire.
Toutefois, la conseillère a fait part de la décision de création d’une agence de promotion des investissements de l’exportation des services liés à la santé. En outre, Mme. Fenani a déclaré qu’une étude sur le développement des outils de communication de la stratégie d’exportation des services liés à la santé sera lancée. Il s’agit donc d’un projet dont le financement sera assuré par un don accordé par la Banque africaine de développement. La conseillère n’a pas manqué d’insister, par là même, sur le fait que la Tunisie offre une panoplie bien diverse d’opportunités ne se limitant pas seulement aux soins médicaux mais s’étendant à la formation médicale ainsi qu’à l’industrie pharmaceutique.
Des chiffres reliés au secteur de la santé de manière globale en Tunisie ont de même été exposés. Il en ressort que la Tunisie se positionne en deuxième place à l’échelle internationale après la France en matière de thalassothérapie. Nadia Fenani a, à ce titre, loué les efforts conjugués des 1790 médecins dont 1113 spécialistes. D’ailleurs, elle fera noter que Sfax constitue un véritable pôle de santé et présente des chances indéniables pour marquer le succès dans le secteur de l’exportation des services de santé.
Nadia Fenani a préconisé, entre autres recommandations, la multiplication des vols directs vers les pays demandeurs de services de santé à l’instar des pays africains et bien entendu assortir cette action d’une réelle stratégie marketing dédiée au sujet. Ne manquant pas d’inciter à la facilitation du processus d’octroi des visas ainsi qu’à l’amélioration des services d’accueil, de transfert ou encore d’hébergement des patients étrangers.
La parole est ensuite donnée à la direction régionale de la Santé à Sfax représentée par son chef, Imed Maaloul. Il indiquera que l’exportation des services de santé n’est pas une activité récente à Sfax qui en fait un haut lieu de celle-ci depuis plusieurs années.
« Il ne s’agit pas d’une tendance passagère, loin de là, il s’agit plutôt d’un véritable axe de développement régional. Cette configuration profite aussi bien aux acteurs du secteur public qu’à ceux du privé.» Imed Maaloul a expliqué de même que ces plateformes dispensent des services multidisciplinaires ce qui renforce le positionnement de la région en matière de santé. S’ajoute à cela la multiplication des structures de formation professionnelle ainsi que l’utilisation de technologies de haute facture en particulier dans le domaine de l’imagerie, de la biologie et de la chirurgie.
Imed Maaloul a indiqué dans le même registre que le secteur privé dans le domaine de la santé est très diversifié à Sfax avec une forte densité dans le centre-ville. La quasi-totalité des spécialités de médecine sont représentées dans les différents services offerts et même en masse.
Et c’est au tour de Khaled Zeghal, directeur général de l’instance nationale de l’accréditation de la santé de s’exprimer sur le sujet. Il a esquissé les contours de l’institution en mettant l’accent sur l’importance de la mise en place de valeurs telles que la compétence, l’indépendance technique, la transparence, la collégialité, la loyauté, l’intégrité et l’objectivité. « Ces valeurs sont indispensables pour pouvoir atteindre notre objectif et permettre à l’institution de jouer pleinement son rôle dans le domaine de la santé » insiste-il.
Khaled Zghal a évoqué, par la même occasion, la mission phare de l’institution à savoir : l’évaluation des technologies en santé. Il a affirmé que la décision d’accréditation des établissements de santé par l’International Society for Quality in Health Care (ISQUA) est attendue depuis décembre 2017. A noter que l’ISQUA est un organisme international qui permet de mettre en réseau les institutions et les spécialistes de l’accréditation dans le domaine de la santé.
Pour clôturer le bal des exposants, Hédi Karkeni, président de la chambre syndicale régionale des cliniques privées a pris la parole en mettant plein feu sur la contribution des associations dans l’exportation des services liés à la santé. Il dira que : « la santé et ses services est l’affaire de tous. Il faut également disposer d’une visibilité à long terme car le travail ne peut se faire sur une courte période » arguera-t-il.
L’exportation des services de la santé demeure un sujet de haute facture et faisant ressortir une multitude de problématiques et de questions de divers ordres à discuter et à mettre en place sous forme de structures fiables pour un meilleur développement de l’activité. Faire de l’exportation des services de la santé un véritable pilier de croissance économique est de ce fait un enjeu d’envergure auquel il faut bien s’y atteler.