Amel Djait, directrice de la publication 1001 Tunisie
“Humer un pays contenu dans une fiole en verre soufflé, c’est le rêve des voyageurs et des parfumeurs. Dans notre pays, ce parfum a un goût de néroli.” Et c’est Amel Djait, journaliste et fondatrice du journal électronique « 1001 Tunisie » qui dédie un ouvrage de 223 pages à la prospérité tunisienne, à nos talents de fer pour voir jaillir de leur chapeau de magicien des idées et des initiatives, le moins que l’on puisse dire, innovantes.
Dans une interview, exclusivement attribuée au Manager, Amel Djait, elle qui ne recule devant rien pour que cette Tunisie qui se goûte autant qu’elle se découvre, autant qu’elle s’écoute et autant qu’elle se regarde ne soit pas dévalorisée, lève le voile sur le hors-série Collector 1001 Tunisie.
Vous venez de publier une belle édition, pourquoi le choix du print ?
Je viens d’un temps où le papier était important, mes premiers pas en tant que journaliste ont été tracés dans l’impression. L’idée a germé lors du constat de la disparition depuis une dizaine d’années de la majorité des magazines papier en Tunisie. Dans l’univers de la communication, la dissolution d’un outil de communication est une grande perte de talents et de savoir-faire. J’avais envie de repositionner le print parce que je suis convaincue que la convergence des médias électroniques et papier est une nécessité. Le Collector 1001 Tunisie s’inscrit dans la tendance mondiale, celle de la naissance d’un format métissant magazine et livre. Faut-il cependant admettre que le Collector vient du digital, parce que 1001 Tunisie est avant tout un guide numérique qui a été crée il y a une dizaine d’années et dont la mission est de faire découvrir la Tunisie différemment.
Où sera commercialisé ce nouveau-né ?
Aujourd’hui, « 1001 Tunisie » est commercialisé dans différents concept stores et dans certaines librairies, mais il fait aussi rayonner la Tunisie ailleurs. Il est déjà parti en France dans deux boutiques, dont Rock the Kasbah à Marseille et à Paris dans la galerie « La La Land», propriété de l’artiste-peintre tunisien Ilyes Messaoudi. Des copies seront distribuées dans la boutique de la tunisienne Baraa Ben Boubaker à Monaco. Certaines structures l’ont déjà commandé pour leur propre communication, signe de son utilité pour montrer le meilleur de la Tunisie. Il sera également sur Tunisair, dans le salon privilège et les cinq vols prémium.
Il s’agit d’un livre qui va amener les gens à voyager et qui va lui-même sûrement voyager. Mon souhait est que cette édition spéciale soit sollicitée davantage pour être mieux installée à l’international, d’où la traduction des articles en langue anglaise.
Quel est l’objectif de la publication du Collector 1001 Tunisie ?
L’objectif est de concrétiser l’autre Tunisie qui regorge de graines d’innovants qui se sacrifient, qui travaillent et qui investissent, mais qui n’a pas, jusqu’à présent, été identifiée sur un support branché ni dans un espace culturel qui l’honore. En faisant le parallèle avec le hors-série publié en 2014 et ce nouveau-né, je constate que de nombreuses startups et success stories ont été construites. Force est de constater que 1001 Tunisie est une des expressions de la vie réelle de notre nation. Mon ambition est, précisément, de tenir un genre de journal de bord de cette Tunisie qui se construit et de ses nouveautés dans des rubriques minutieusement choisies à savoir « Raffinement et style », « Art de recevoir », « Incroyable Tunisie», « (Re)découvrir », « Sur les routes », « Flâneries gourmandes et terroirs », « Evasion et détente» et « City guest ».
Et parce que ce pays a beaucoup d’attrait été comme hiver et parce qu’une des conditions sine qua non pour que la destination du tourisme tunisien se développe est de se débarrasser de la saisonnalité, ce Collector s’inscrit dans une périodicité semestrielle : une collection Printemps/été et une collection Automne/hiver sont programmées.
Quelles sont les nouvelles tendances et les nouveautés du tourisme en Tunisie ?
Il était temps que la reprise se fasse. C’est vrai que les indicateurs sont au vert. Quand bien même nous nous en réjouissons, cette reprise nous a ramenés au point de départ. Celui d’un tourisme assez fragile, peu rentable, saisonnier, extrêmement dépendant des tour-opérateurs et qui manque de diversification et de produits. Incontestablement, il y a un problème de gouvernance et de rentabilité étant donné que le secteur est surendetté. Bien que les hôtels et les avions affichent complet, réellement, les bilans de pertes se font plutôt en termes de lits et d’hôtels fermés. A titre d’illustration, nous ne possédons pas d’un open sky qui permettrait une capacité supplémentaire sur la destination. Les questions se posent en ces termes : A combien sont valorisées les dépenses des touristes ? Est-ce qu’il y a une montée en qualité ?Quelle est la notoriété et quel est le degré de satisfaction des clients qui viennent en Tunisie ? Quel est le taux de fidélité à la destination ? Qui sont nos touristes, quel âge ont-ils ? Est-ce qu’il y a un nouveau modèle économique que nous mettons en place ? Est-ce que nous comptons rester sur un modèle de tourisme de masse d’ici 2030 ? A quoi ressemblerait la destination en 2030 ? Jusqu’à l’heure actuelle, il n’y a pas de réflexions concrètes et de vision sereine. Un travail de fond doit indispensablement être appliqué. Nous allons vers l’installation de nouvelles équipes municipales qui, j’espère, vont accorder au tourisme l’intérêt suffisant au sein de leurs conseils, pour attirer, investir, attirer l’investissement et valoriser le potentiel existant.
Cependant, pour finir sur une note positive, les tendances incontournables dont je suis persuadée sont la multiplication des hébergements alternatifs, l’intéressement et la construction des chaînes internationales et les initiatives dans les régions mais qui restent timides pour la mise en place d’un projet touristique complet. Il y a lieu également de souligner que d’autres intervenants dans la chaîne de valeurs sont en train de se positionner notamment l’artisanat, le terroir, l’animation et les spectacles. Nous devons capitaliser sur ces avancements par ce que la Tunisie ne saurait se construire sans tourisme ! Ce secteur est un corollaire de développement et un garant d’ouverture.