Naoufel Dridi est de ceux qui n’hésiteront pas à changer de cap si leur passion se trouve ailleurs. Après un parcours universitaire en médecine vétérinaire en Russie, couronné par un doctorat, il a voulu suivre de près les abeilles, étudier leurs mouvements pour mieux les apprivoiser et comprendre ce qui fait leurs innombrables vertus nutritives, thérapeutiques et cosmétiques.
À 37 ans, Naoufel lance “Bioverte” un projet de transformation et vente de produits agricoles et de tous produits de la ruche, principalement l’apitoxine. Bioverte est basé dans la zone industrielle de Tinja, une délégation du gouvernorat de Bizerte au nord de la Tunisie, bordant le Lac Ichkeul. Fruit d’une étude vétérinaire qu’il a menée en Russie et en Ukraine, Naoufel a importé son savoir dans sa ville natale où il cultive le venin des abeilles et toutes sortes de produits de la ruche : « C’est là où réside le secret », confie-t-il souriant.
Divine et louable peur, serait-on tenté de dire, quand on apprend que « la phobie de l’apiculture », comme il la définit lui-même, l’a poussé dans ses derniers retranchements. Son voyage en Russie l’a initié aux tendances nouvelles de l’apiculture. Avant de rencontrer les mentors de Souk At-tanmia, Naoufel Dridi a tenté sa chance avec un investisseur français. Le projet n’est pas allé à bon port, faute de financement.
C’est là un atout indéniable de Souk At-tanmia, qui a accordé à Naoufel un don pour débloquer la situation et un soutien non-financier pour l’orienter dans ses démarches. La machine n’a démarré qu’en 2017. Naoufel a reçu son approbation en 2015. Deux ans ont permis de confronter et surmonter les pressions et les couacs d’un système administratif assez lourd et lent.
Surmonter sa peur, un facteur de succès…dirait-on. Justement, la peur s’est révélée d’une grande aide dans le parcours d’apiculteur de Naoufel Dridi. Très à l’aise aujourd’hui au milieu de ses abeilles dans son domaine d’apiculture de Bizerte, ce bon petit soldat leur vouait quelques défiances à ses débuts. Fort d’un savoir-faire acquis sur fond de passion et d’efforts, Naoufel a lancé de nouveaux produits à base de gelée royale et pollen. “Souk At-tanmia m’a été d’un grand appui, pour l’encadrement, l’accompagnement, la formation et le financement, ce qui m’a permis de concrétiser ce projet” témoigne-t-il.
Mais Naoufel Dridi ne s’arrête pas en si bon chemin. Innovation et créativité sont pour lui le sésame de son ascension, les maîtres mots qui régentent son quotidien. En association avec Emna Ben Mustapha, fondatrice de Aquaspir et lauréate du programme Souk-At-tanmia, il lance une solution tonifiante à base de miel, de pollen et de spiruline.
Naoufel Dridi conquiert également le secteur de la santé avec un projet d’étude sur les bienfaits des produits de la ruche dans la lutte contre le cancer en collaboration avec l’Institut Pasteur. S’il s’épanche sur ses projets futurs, c’est parce que longtemps on est passé à côté de cette pépinière de création. Les vertus qu’on ignorait, esquissent, pour lui, les contours jour après jour. Passionné qu’il est, il a de quoi s’en réjouir.
Il n’y a pas de limites pour qui ambitionne, ose et persévère. “Nous avons commencé avec 200 ruches, puis chaque année, à travers l’essaimage, on s’agrandit, notre objectif est d’atteindre 1000 ruches”. Lumineux et serein, Naoufel s’attarde avec beaucoup d’entrain sur ses ambitions futures. Il prévoit de lancer sa propre ligne de produits cosmétiques.
“J’ai travaillé en format cluster en associant 5 apiculteurs. Nous avons ainsi diminué les charges, et ça nous a permis de travailler plus rapidement. Mon ambition est d’atteindre les marchés étrangers. Nous travaillons d’ailleurs avec Tasdir+ pour aboutir à cet objectif” déclare-t-il. Une longueur d’avance et une manière paisible d’envisager l’avenir qui n’auraient pas été possibles sans le concours de Souk At-tanmia.