“Le bonheur au travail n’est pas la préoccupation uniquement des psychologues et des sociologues mais également des managers et des RH”, a affirmé Slim Ben Ammar, directeur général de Sodexo Tunisie, lors d’une conférence sur le thème de La qualité de vie au cœur de la performance. C’est dans ce sens que s’est posée la question de la responsabilité de l’entreprise dans la contribution au bonheur.
Alexandre Jost, fondateur de la fabrique Spinoza France, un mouvement du bonheur citoyen qui accompagne les organisations en leur procurant des outils d’action, a mis en avant, outre l’aspect humaniste et de gestion de soi, l’impact du bonheur sur la performance.
Définissant le bonheur comme « un état de fonctionnement optimal de l’individu », il a expliqué que le stress et la fatigue freinent la concentration et procurent du sommeil et de l’angoisse. Aussi, l’individu développe des réactions de combat, de résistance, de colère, de panique et une tendance à traîner. Par contre, un état de bien-être favorise l’innovation, la créativité, la réactivité, l’efficacité, la communication.
Autant d’éléments à même de provoquer une ambiance de travail agréable. Se référant à la psychologue Barbara Fredrickson, Jost avance que les émotions positives nous donnent accès à la plus grande partie de nos ressources, à une plus large palette d’idées et de réflexions et à des modes de comportement plus diversifiés. Incontestablement, bonheur au travail, gestion de stress, leadership, sont de nature à réduire le stress et la fatigue au travail pour éviter le « burn-out » chez le personnel, et augmenter son implication et son rendement.
C’est dans ce cadre que le fonds d’investissement « Sycomore » (Sycomore Asset Management) a fait le choix de sélectionner les valeurs boursières des entreprises de son portefeuille sur la base de l’épanouissement des collaborateurs, abstraction faite de leur situation financière et de leurs stratégies ! Sur une échelle macroéconomique, l’amélioration de la qualité de la vie au travail de l’ordre de 10% génère une augmentation de la croissance du PIB en France de l’ordre de 1%, selon l’étude effectuée par le cabinet Mozart Consulting.
Comment le concocter ?
Jost précise qu’ opter pour une motivation matérielle revient à substituer une motivation intrinsèque par une motivation extrinsèque qui est moins durable et moins épanouissante. Pour Jost, la rémunération est une valeur refuge vers laquelle on se retourne lorsque le reste est défaillant.
Il conçoit, par contre, les leviers du bonheur au travail en se basant sur les rapports de l’OCDE, notamment en tête de liste la reconnaissance, ensuite les conditions de travail, l’accompagnement professionnel, la gestion du temps, le management, la gouvernance mais aussi l’alimentation. « L’exemple des entreprises anglo-saxonnes, très engagées sur la question, est édifiant : des primes sont accordées aux collaborateurs qui baissent de poids ou qui arrêtent de fumer».
C’est dans ce contexte que Sodexo Tunisie a mis en place le programme «santé et bien-être», présenté par la nutritionniste Boutheina Chihi Ezzine. Celle-ci a expliqué que le programme comprend une panoplie d’actions telles que l’hygiène, la nutrition, les activités sportives et la prévention contre les maladies. A vrai dire, ce programme est le fruit des recommandations de toute une série de focus groupes et de workshops qui ont permis d’élucider les pistes d’amélioration de Sodexo Tunisie, a précisé Farah Tounsi, DRH de Sodexo Tunisie.
De son côté, Manel Jrad, DRH de Business & Decision, a mis l’accent sur l’amélioration de l’environnement physique au travail, en accordant davantage de soin à la décoration et l’aménagement des locaux, faisant remarquer de ne pas omettre d’installer une salle de sport. Les collaborateurs doivent également bénéficier d’activités culturelles et des services d’un coach et d’un psychologue.
Quant à Ahmed Chraiet, DRH de Cimpress Vistaprint, il a déclaré que son entreprise donne beaucoup d’importance à l’écoute des collaborateurs. Il travaille actuellement sur un projet qui vise à recueillir les feedbacks de ces derniers sur facebook. Il prétend qu’à la suite de deux années de changement en faveur d’un serving leadership, plus proche des employés et en rupture avec le management de contrôle, les résultats commencent à se faire sentir et les collaborateurs voient leurs performances s’accroître.