Les questions sur les difficultés que rencontre le secteur du transport maritime — mais surtout les solutions à apporter, sont des plus pressantes. Une conférence a été organisée par l’Institut méditerranéen de formation aux métiers maritimes et l’Escola Europea de Short Sea Shipping en l’occasion.
Dans le cadre du Plan quinquennal 2016–2020, la Tunisie aspire à améliorer la part de la logistique dans son PIB. D’après Wissem Mahjoub, directeur général de la logistique au ministère du Transport, cette contribution devrait passer de 4.5% en 2010 à 7% à l’horizon de 2020. Déjà, le coût de la logistique n’est pas optimisé : alors qu’il est de 20% par rapport au PIB en Tunisie, la moyenne dans les pays émergents n’est que de 15%. Le responsable se veut tout de même rassurant : plusieurs chantiers sont déjà en cours, annonce-t-il.
Des autoroutes de la mer !
L’amélioration des services de transport maritime ne se limite certainement pas aux ports. D’où les autoroutes de la mer. D’après le ministère français de la transition écologique et solidaire, il s’agit de services maritimes destinés à l’acheminement de poids lourds et remorques, accompagnés ou non de leur chauffeur. Ces autoroutes proposent, entre deux ports, un service régulier à horaire fixe, à la fois rapide et fiable, à un prix attractif par rapport à son équivalent par la route. Ce service de transport est principalement dédié au transport international de fret au sein de l’Union européenne et avec les pays tiers.
L’importance des autoroutes de la mer réside dans le fait qu’il s’agit d’un facteur essentiel pour le développement des échanges, le renforcement de l’intégration et de la coopération régionale et la création de la valeur ajoutée et de l’emploi, indique Youssef Ben Romdhane, directeur général du transport maritime et des ports maritimes de commerce au ministère du Transport.
Pour Ben Romdhane, ces autoroutes ont le mérite de favoriser l’intégration et l’interopérabilité de différents modes de transport, la mise en oeuvre de partenariats novateurs entre les différents acteurs de la chaîne de transport et la fédération de tous les opérateurs autour d’objectifs communs. La réussite de ces projets, insiste le responsable, nécessite la coopération de tous les acteurs : transporteurs maritimes, opérateurs portuaires, agents maritimes, transitaires, chargeurs et opérateurs de la chaîne logistique. Ce consortium doit également être soutenu par la présence des autorités maritimes, douanières et portuaires.
Conçues dès 2001, plusieurs autoroutes de la mer ont déjà été implémentées, dont deux reliant Tunis aux ports de Marseille et de Gênes. Avant la mise en oeuvre de ces autoroutes, se rappelle Ben Romdhane, les navires reliant les deux rives de la Grande Bleue, d’une capacité maximale de 120 remorques, effectuaient 3 départs par semaine. Ils mettaient 36 heures pour traverser la Méditerranée. La mise en place des deux autoroutes de la mer a changé la donne. Actuellement, les navires utilisés peuvent transporter jusqu’à 170 remorques avec des départs quotidiens vers les deux ports européens. La durée de traversée a été ramenée à seulement 22 heures. Quant au taux de remplissage des navires, ce dernier est passé de 50 à 70%.
D’après le responsable, les deux autoroutes ont permis une réduction considérable des surcoûts liés aux retards, aux avaries et aux autres dysfonctionnements ainsi que le développement de bonnes pratiques conformes aux normes internationales en termes de sécurité et de sûreté. “Grâce à ce succès, nous pensons à faire conformer la ligne Tunis-Barcelone de la COTUNAV, et bien d’autres, à ce mode de fonctionnement”, a-t-il conclu.