Comment exploiter la précieuse ressource féminine pour métamorphoser le paysage des startups dans le monde arabe ? Tel a été l’objet de l’article publié, hier 16 juillet 2018, par le World Economic Forum.
Fait significatif: une startup sur trois dans le monde arabe est managée par des femmes, dépassant ainsi les chiffres de la Silicon Valley. Les efforts fournis par les femmes pour casser des codes surannés ne sont pas pour rien !
Première source d’optimisme pour les rédacteurs du WEF : les femmes arrivent à dépasser leurs pairs masculins dès les bancs de l’école ! L’exemple jordanien en est une parfaite illustration: à tous les niveaux et dans quasiment toutes les branches, les filles ont des résultats supérieurs à ceux des garçons. Et d’ailleurs, selon l’UNESCO, 34 à 57% des diplômés arabes en STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) sont femmes, soit des taux plus élevés que dans les universités américaines ou européennes.
S’ajoute à cela, l’émergence de l’industrie technologique dans les pays arabes. Estimons-nous heureux que cette technologie ne soit pas un héritage réservé à la gente masculine, comme c’est le cas pour les autres secteurs! Enfin, un domaine où l’homme ne domine pas, se réjouissent les rédacteurs du WEF. Faut-il avouer que les temps où les femmes étaient cantonnées à des métiers dits de femmes sont finis.
En effet, en tirant parti d’Internet, les femmes ont pu briser le plafond de verre et surmonter plusieurs défis, tout comme l’héritage culturel, le gap entre les genres, l’inégalité en termes d’accès au financement …
La digitalisation a permis aux femmes de pénétrer de nouveaux marchés. L’auteure Saadia Zahidi estime dans son livre « Fifty Million Rising » que les plateformes numériques suppriment les contraintes culturelles et sécuritaires et minimisent les dépenses implicites et explicites de transport, de garde d’enfants, de discrimination et de censure sociale.
Selon le WEF, les gains potentiels générés par la participation des femmes dans le marché sont estimés à 2700 milliards de dollars d’ici 2025.
Mais des efforts restent à déployer !
Quand bien même les femmes arabes sont excellentes à l’école, diplômées du supérieur, et suffisamment intelligentes pour profiter de l’émergence d’Internet, ce succès ne s’est pas nécessairement traduit sur le marché du travail ou dans le monde des startups.
En se référant aux données de la Banque mondiale, 13 des 15 pays dont le taux de participation féminine dans l’économie est le plus faible sont dans le monde arabe !
Vous l’aurez deviné ! C’est à cause du cadre réglementaire bloquant qui désavantage les femmes souhaitant créer leur propre entreprise, ou encore intégrer une entreprise. Les entraves sont aussi d’ordre financier étant donné que l’on interdit aux femmes d’ouvrir un compte bancaire ou de posséder des biens,et qu’on leur limite les transactions sans une intervention masculine de leur famille …
En créant leurs entreprises, les femmes ne sont pas soulagées ! Elles sont confrontées à des désavantages structurels. Selon l’OCDE, la moyenne des jeunes entreprises dirigées par des femmes reçoivent 23% moins d’argent que les entreprises dirigées par des hommes, et sont 30% moins susceptibles d’avoir une sortie positive.
Pour y remédier, le WEF propose aux femmes de passer au numérique. Les success stories des femmes arabes qui ont fait jaillir de leur chapeau de magicien des idées innovantes en témoignent !
Originaire d’Égypte, Rana El Kaliouby, est la cofondatrice d’Affectiva , une technologie d’IA de pointe pour aider les ordinateurs à reconnaître les émotions humaines basées sur les réponses physiologiques et les indices faciaux.
Entre-temps, le premier marché indépendant du Moyen-Orient, Nabbesh, a vu le jour par Loulou Khazen Baz. Le but étant de mettre un terme au fléau du chômage des jeunes dans la région. Elle a été reconnue comme l’une des 100 startups arabes du Forum économique mondial qui façonnent la quatrième révolution industrielle.
Pourquoi le numérique ?
« Si le récit de l’expansion américaine était « Go West, jeune homme », le nouveau récit pour l’avenir des femmes dans le monde arabe serait « Go numérique, jeune femme » », écrit Zahidi dans Fifty Million Rising.
Et pour preuve, une étude d’Accenture montre que près de 60% des femmes chômeuses estiment qu’elles pourraient travailler grâce au digital étant donné que les horaires seraient flexibles et qu’à l’avenir le travail sera à domicile, à temps plein ou à temps partiel. La même étude souligne que plus de 60% des femmes qui ont quitté et veulent réintégrer le marché du travail ont des aspirations entrepreneuriales pour démarrer leur propre entreprise.
Des études menées aux Etats-Unis ont fait ressortir que les femmes qui acquièrent des compétences en TIC augmentent leurs salaires de 12%, ce qui est supérieur aux gains équivalents des salaires des hommes.
La balle est dans votre camp … Go numérique, jeune femme !