Slim Khalbous, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique
Dans le cadre de l’ambitieux programme H2020, Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a présidé un déjeuner-débat, sur le thème du rapprochement université — entreprises au service de l’innovation, organisé par l’unité de gestion du Programme recherche & innovation Horizon 2020, le 27 juin 2018 au siège de l’UTICA. Ce séminaire, auquel étaient conviés chefs d’entreprises et chercheurs, a été animé par les experts du programme. Comment mettre la recherche scientifique académique au service de l’innovation dans l’entreprise? Comment identifier des partenaires potentiels à l’étranger pour des projets de recherche & développement? Comment lever des fonds internationaux plus efficacement pour le financement des projets de recherche appliquée? Telles étaient les questions soulevées.
En ouverture du déjeuner, Slim Khalbous, n’a pas manqué de souligner l’importance que revêt le programme H2020 pour le développement économique de la Tunisie. Encore faudrait-il, selon le ministre, convaincre les chercheurs et chefs d’entreprise de la primauté de l’intégration de la Tunisie dans l’espace européen de recherche et innovation. “Mais nous avons un noyau dur conscient de la nécessité de ce rapprochement, après il s’agit de travailler sur les process pour mettre en place et faire vivre ce rapprochement”, insiste-il.
Pour Slim Khalbous, innovation, internationalisation et fonds compétitifs sont les trois mots clés de la recherche et de l’enseignement supérieur. “Il faut que les projets de recherches voient le jour, s’implantent dans les entreprises. Nous avons d’excellents projets alors que les entreprises déboursent de gros montants pour chercher ailleurs ce qui existe ici”. Le ministre déplore ainsi le manque de mise en pratique des projets de recherches qui restent cloîtrés dans les tiroirs des universités. Aujourd’hui, les entreprises n’ont plus de frontières et sont en compétition avec le monde entier. “Il est important de commencer par un état des lieux des innovations qui peuvent être implémentées dans les entreprises et ce travail doit être fait à court terme”.
En troisième lieu, le ministre persiste et signe sur l’importance pour nos chercheurs de s’aligner aux normes internationales, car les fonds sont plus que jamais devenus compétitifs, faisant que la Tunisie rate de grandes opportunités de financement dans la recherche. “Beaucoup d’argent est mobilisé à travers le monde, mais notre problème de gouvernance et de gestion nous empêche d’y accéder” déplore le ministre, soulignant toutefois les avancées opérées, notamment en matière d’amélioration de la gouvernance et des process et citant la constitution au sein du ministère, de l’UGPO H2020, comme exemple.
Mais, selon le ministre, nous devons apprendre à conjuguer avec la scène internationale, s’aligner aux normes, entamer notre lobby, pour décrocher notre place. “Innovons ensemble, ayons toujours un œil sur l’international, pour capter les fonds qui nous permettront de financer nos projets. Nous avons la ressource humaine, un tissu universitaire où l’excellence est bien présente, ce que d’autres pays n’ont pas, devant encore attendre des années pour former une génération de chercheurs compétents”.
H2020, rappelons-le, est le plus grand programme de recherche et d’innovation jamais réalisé par l’Union européenne (UE). En favorisant la transition des grandes idées, du laboratoire au marché, il conduira à des avancées révolutionnaires, à des découvertes et à des premières mondiales. Outre l’intérêt que lui portent les investisseurs des secteurs public et privé, il bénéficie d’un financement de près de 80 milliards d’euros sur 7 ans (de 2014 à 2020). Désormais pays associé, La Tunisie, adhérente à ce programme cadre, bénéficie des mêmes avantages que les pays d’Europe. Il est essentiel pour son avenir d’investir dans la recherche et l’innovation pour une croissance intelligente, durable et inclusive. Horizon 2020 participe à cette stratégie en associant recherche et innovation et se concentre sur trois domaines clés : l’excellence scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux. L’objectif est de s’assurer l’atteinte d’un niveau scientifique et technologique de classe mondiale qui stimule la croissance économique (source: horizon2020tunisia.org).
C’est d’ailleurs dans ce cadre que l’unité de gestion chargée du « Programme européen recherche et innovation Horizon 2020 » (UGPE-H2020) rattachée au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a organisé fin juin 2018 deux ateliers régionaux dans le cadre du contrat de service « Peer-to-peer learning and stakeholder networks in support of Tunisia’s Association to Horizon 2020 » financé par la Commission européenne, qui a mandaté un consortium européen composé de Technopolis, CIHEAM, CERISS et DLR.
Ce travail collaboratif avait pour but d’accompagner et de former la communauté scientifique et industrielle tunisienne pour marquer la présence et la forte participation de la Tunisie au programme H2020. Ces ateliers visent à faciliter la participation des chercheurs tunisiens au programme H2020 en développant leur profil et en améliorant leur chance d’accès aux opportunités de financement internationales.
Dans ce cadre, l’objectif est de leur donner une visibilité plus importante en les rendant plus attrayants sur la scène internationale lors de la recherche de collaborations, contribuant à stimuler le développement socio-économique de la Tunisie. L’organisation de ces ateliers vise donc à diffuser l’information et sensibiliser les différents acteurs au programme H2020, améliorer la mise en réseau, et les compétences des chercheurs pour élaborer des propositions, identifier les sujets et les propositions de recherches, gérer les projets financés, et accéder aux réseaux de recherche et aux sources d’information.