«Quel rôle à jouer pour le système bancaire et financier tunisien dans la dynamique africaine ?», tel était le thème débattu lors du Forum annuel du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique tenu à l’hôtel Le Palace le 25 et le 26 juin 2018.
Bilel Sahnoun, Directeur général de la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT) y a répondu tout en mettant en relief la structure des marché de capitaux en Afrique ainsi que les entraves à leur développement.
Un endettement excessif
En Afrique, les marchés de capitaux n’assurent à peine que 5% du financement des entreprises. Ce taux est généralement autour de 20% dans les pays émergents, 60% en Europe et aux alentours de 80% aux Etats-Unis. Selon ses propos, les marchés de capitaux africains disposent d’un potentiel considérable quant à la contribution au développement économique de la région.
Une grande dispersion est notée quant à la capitalisation boursière en Afrique. «Excepté Johannesburg, dont la capitalisation est près d’un trillion de dollars, il n’y a que trois Bourses africaines qui ont une capitalisation supérieure à 30 millions de dollars à savoir Casablanca, Egypte et Nigeria».
En ce qui concerne le cas de la Tunisie, Bilel Sahnoun a souligné que seulement 91 sociétés, oeuvrant majoritairement dans le secteur financier, sont cotées. Ainsi, 40% du PIB n’est pas représenté en Bourse.
Des obstacles à pallier pour l’essor des marchés de capitaux
La domination des emprunts bancaires du financement des entreprises africaines a également fait l’objet des débats. Bilel Sahnoun, ainsi que Fadhel Abdelkefi, président du Groupe Integra Partners, ancien ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et ancien ministre des Finances estiment que les entraves à l’essor des marchés de capitaux et de private equity sont, en premier lieu, la faiblesse des fonds propres et le manque de transparence des entreprises africaines.
S’ajoute à cela, la problématique de transmission des entreprises, le niveau des garanties exigées, ainsi que le niveau de la liquidité.
Par ailleurs, le responsable a pointé du doigt la carence de communication et de diffusion de la culture boursière au niveau individuel et, également, au niveau institutionnel. Par conséquent, une faible contribution de l’investissement des particuliers dans les marchés de capitaux est à constater. “Aujourd’hui, la culture boursière dans notre continent fait que moins de 2% de la population africaine s’intéresse de près ou de loin aux produits boursiers. Si le nombre des particuliers qui investissent en bourse dans les pays émergents est d’environ 8%, il représente, en Europe, entre 10% et 20% selon les pays”, a-t-il expliqué.
Dans le même contexte, le DG de la BVMT considère que le développement des marchés de capitaux est limité par la non-réglementation du secteur, en particulier, la loi de change dépassée et inadaptée aux changements actuels.
Pour conclure, Bilel Sahnoun a mis l’accent sur les restrictions dans investissements sectoriels. Etayant ses propos, il a indiqué que l’écart, non seulement géographique, mais aussi réglementaire, existant entres les pays du continent, pénalise l’investissement.