Dans un rapport publié aujourd’hui, 12 juin 2018, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international a indiqué que les perspectives à moyen terme pour l’économie tunisienne restent favorables. D’après ce rapport, la croissance devrait atteindre 4 % d’ici 2022 à condition de mettre en oeuvre les réformes visant à améliorer la gouvernance et le climat des affaires, à élargir l’accès au financement, ainsi qu’à moderniser les institutions fiscales pour en améliorer le fonctionnement et l’efficience.
“Compte tenu de l’incomplète mise en œuvre du programme des réformes et des risques élevés qui pèsent sur celui-ci”, lit-on dans le rapport, “les administrateurs exhortent les autorités à renforcer leur engagement à appliquer ce programme et à prendre des mesures décisives et urgentes pour placer les finances publiques sur une trajectoire plus soutenable, à corriger la hausse de l’inflation et la baisse des réserves. En gros, à assurer la stabilité macroéconomique”.
Dans leur rapport, publié aujourd’hui sur le site du Fonds, les administrateurs du FMI ont recommandé aux autorités tunisiennes de procéder avec plus de détermination à l’assainissement budgétaire. Selon le rapport, les mesures d’assainissement doivent donner la priorité au relèvement des recettes fiscales et à la limitation des dépenses courantes afin de disposer de plus de marges à augmenter les dépenses d’investissement et les dépenses sociales.
Selon le rapport, les administrateurs appellent les autorités à renforcer le recouvrement de l’impôt, à appuyer les départs volontaires pour les fonctionnaires, à éviter les nouvelles augmentations salariales, dans le cas où la croissance ne dépasse pas les prévisions et à appliquer une révision trimestrielle du prix des produits pétroliers. Ils approuvent les mesures envisagées par les autorités pour préserver une protection sociale adéquate, notamment par des réformes équitables et durables du régime des retraites. Ils soulignent également l’importance des programmes ciblés à destination des catégories de population les plus vulnérables.
Toujours dans le même rapport, les membres du Conseil d’administration du FMI ont indiqué qu’un nouveau durcissement de la politique monétaire sera nécessaire pour atténuer l’inflation. La réduction des interventions sur le marché de change et l’orientation vers une flexibilité du taux de change contribueraient à améliorer le solde des transactions courantes et à reconstituer les réserves internationales.
Les administrateurs estiment que des réformes supplémentaires s’imposent dans le secteur financier. Ils encouragent les autorités à s’appuyer sur leurs réalisations récentes, dont l’établissement de l’instance nationale de lutte contre la corruption, et à accélérer les initiatives telles que le guichet unique des investisseurs et l’adoption de lois facilitant la réduction des portefeuilles de prêts improductifs des banques. Les administrateurs relèvent que les améliorations apportées au régime de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme aideront la Tunisie à pallier les insuffisances dans ce domaine.
Le rapport a mis en exergue les progrès enregistrés dans l’application des réformes structurelles. Les administrateurs du FMI invitent en revanche les autorités à redoubler d’efforts pour achever la réforme de la fonction publique, optimiser la sélection et l’efficience des projets publics d’investissement, et améliorer la gestion des entreprises publiques. Ils rappellent également que l’accent doit être mis sur la réforme du secteur de l’énergie, pour optimiser les subventions. Ils encouragent les autorités à progresser encore dans l’amélioration du climat des affaires, notamment en poursuivant la rationalisation du cadre réglementaire, ainsi qu’à promouvoir la bonne gestion publique et la transparence.