Durant les deux derniers mois, l’Organisation tunisienne des jeunes médecins OTJM a fait recours à une grève générale pour que sa voix soit écoutée et ses revendications appliquées. A l’issue de six semaines de grèves, une deuxième grève prévue le 16 avril 2018 a été suspendue et la tension n’est toujours pas près de se calmer: les membres de l’organisation se sont réunis, vendredi dernier à Sfax, pour décider de poursuivre leur mouvement protestataire.
Le Manager s’est entretenu avec Aymen Bettaïb, vice-président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins, pour cerner les raisons de ces actions persistantes.
«Les grèves, étant l’outil le moins privilégié mais le plus efficace, sont le résultat du non-engagement du ministère de la Santé pour la mise en œuvre des décisions prises lors des dernières négociations tenues avec l’OTJN», a-t-il avancé.
En effet, les revendications des médecins tournent autour de quatre axes à savoir les réformes, le service civil, les rémunérations et les stages.
En premier lieu, les jeunes médecins s’opposent au projet de réforme mis en œuvre par le ministère de la Santé sur la période de 2011/2015. Selon les dires du responsable, ce programme « va bouleverser tout le système d’éducation en médecine. Il fera même en sorte que le système éducatif devient inadapté aux critères internationaux». Ils sont également contre l’exclusion constatée à leur égard des travaux de réforme des études médicales. « Bien que le ministère de la tutelle se soit engagé à faire participer les étudiants en médecine par l’intermédiaire de l’organisme qui les représente à cette refonte, un médecin membre du conseil scientifique de l’université de Sousse et membre de l’OTJM a été privé de son droit», a-t-il témoigné.
Quand au service civil, les médecins sont appelés, juste après l’obtention du diplôme des études spécialisées, à rejoindre le service militaire. Sauf que, contrairement aux citoyens tunisiens, les médecins sont privés de la moitié des critères d’exemption. Il a cité à cet égard, l’exemple des femmes enceintes. Les deux critères d’exemption dont ils bénéficient sont l’âge (ne devant pas dépasser les 35 ans) et les conditions médicales « extrêmes ».
La troisième revendication est financière en particulier. Elle est tout d’abord relative à la rémunération des étudiants étrangers. Force est de constater l’inégalité et la discrimination à leurs égard. D’après Aymen Bettaïb, si les salaires des internes résidents tunisiens sont de l’ordre de 1000 à 1200 dinars, les payes des étrangers ne sont que de 300 dinars. Elle concerne ensuite les prélèvements « injustifiés » des salaires des médecins internes résidents. Notons que le ministère a prélevé deux mois des salaires des médecins alors que la durée des grèves n’a été que de trois à six semaines. En sus, les étudiants en première année n’ont reçu que 800 dinars pour cinq mois de travail, soit 160 dinars par mois.
Un dernier point, qui n’est pas des moindres, est la décision de l’Ordre des médecins de prolonger la durée des stages des médecins internes résidents de deux mois. « Cet acte n’est pas admissible pour un organisme pour lequel l’intérêt de l’étudiant doit primer sur tout autre intérêt», a-t-il regretté.
Pour que les promesses soient tenues, l’OTJM prévoit l’organisation, aujourd’hui, de réunions générales à Sousse, à Monastir et à Tunis. La grève serait entamée début Juin.