Le secteur de l’enseignement tunisien souffre de plusieurs anomalies. Au moment où les écoles primaires et secondaires ont dépassé la vague des grèves, l’Enseignement supérieur est encore en effervescence.
Le Manager s’est entretenu avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Slim Khalbouss, pour plus d’éclaircissements.
Sur 204 universités publiques, 32 sont en crise, soit 15% des universités. Une grève ouverte des professeurs a été lancée depuis le mois de janvier 2018, allant même, pour certains professeurs, jusqu’à boycotter les examens.
Remontons à l’aube de l’histoire …
L’Union des enseignants universitaires chercheurs tunisiens (IJABA), rappelons-le, avait à maintes reprises revendiqué l’amélioration de la situation, financière en particulier, de l’enseignant universitaire. Slim Khalbous, nous a assuré, au nom du ministère, que bien que leurs revendications soient légitimes, boycotter les examens est contraire à l’éthique d’un enseignant universitaire pour lequel l’intérêt de l’apprenant doit primer sur tout autre intérêt personnel.
Bien que le syndicat IJABA ait démenti la tenue de plusieurs séances de travail et de négociations, le ministre assure que la main du ministère de tutelle a toujours été tendue pour calmer la tension et trouver des solutions. Il a même indiqué que, dans le cadre de la pluralité syndicale qui est un droit garanti par la Constitution, des négociations ont eu lieu avec les 9 syndicats de l’Enseignement supérieur. La loi impose, en effet, que les négociations salariales, entre autres, doivent se tenir avec le syndicat le plus représentatif, en l’occurrence l’UGTT. Il s’est avéré, d’après les chiffres du Centre national de l’informatique, qu’IJABA ne représente qu’une minorité : les grévistes ne sont d’ailleurs que 6% du total des enseignants. Des accords avec l’UGTT ont bien été signés depuis mars 2018 en vue de mettre un terme aux grèves tout en continuant le dialogue et la réforme sur le moyen et long termes. Actuellement, des comités pour la mise en application de ces accords ont été formés.
Le ministre a déclaré en outre : “IJABA a rejeté toutes les propositions du ministère, à savoir la signature d’un PV et l’organisation de plusieurs rencontres techniques pour la résolution du problème.”
Les solutions pédagogiques ?
Pour résoudre le problème au niveau des universités, le ministre estime qu’il faut penser global mais agir localement. En d’autres termes, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a imposé à chaque faculté tunisienne de définir son propre emploi des examens et de fixer une date limite pour la remise des sujets des examens, à leur convenance. Il a été exigé de chaque institut de délivrer une liste définitive contenant les noms des enseignants ayant boycotté les examens. Un dernier avertissement officiel leur sera envoyé. Autrement, la loi relative aux prélèvements sur salaires sera appliquée.
Slim Khalbouss a lancé un appel pour une trêve. En cette fin d’année, les efforts et l’énergie déployés par les étudiants risquent de se perdre et de mettre en danger leur carrière. Cinq mois de grève ne sont pas admissibles pour des enseignants universitaires qui sont censés donner l’exemple et assumer leurs responsabilités, a conclu le ministre.