La participation des citoyens aux décisions qui concernent la chose publique est loin d’être l’affaire des temps modernes. Oui, l’émancipation des peuples, les courants de démocratisation, les libertés individuelles imposent plus que jamais d’ancrer la participation des citoyens au cœur de l’action politique. Mais depuis l’Antiquité, on parlait déjà de démocratie athénienne, réputée pour être l’ancêtre des démocraties modernes. Vieille de plusieurs milliers d’années, la question n’est toujours pas si simple à résoudre.
Voilà que l’on s’y penche à l’occasion du 9ème symposium intitulé : “Regards croisés sur les transformations de la gestion et des organisations publiques”, consacré cette année à “ la gestion de la participation citoyenne, à l’élaboration et la mise en oeuvre des décisions au sein des administrations publiques et des organisations de l’Etat”, organisé par l’ESSECT et l’Université de Tunis, les 1er et 2 mars 2018.
Le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Slim Khalbous, était l’invité d’honneur de la conférence d’ouverture, rehaussée par la présence également de Habib Sidhom, président de l’Université de Tunis et d’Abdellatif Hamam, Directeur de l’ENA de Tunis. L’événement a été l’occasion de réunir une assemblée d’experts, chercheurs et praticiens pour comprendre et réfléchir sur la participation citoyenne.
Madame Anissa Ben Hassine, présidente de ce 9ème symposium, a ouvert les festivités précisant que la Tunisie est à un stade de son développement où la question de la participation citoyenne est plus que jamais d’actualité. “La Révolution a signé l’acte 0 de la participation citoyenne aux décisions publiques,” déclare-t-elle, regrettant que les formes d’expression post-révolution soient de nature anarchique, au point où les citoyens, dans une large part, en arrivent à se demander si l’ordre régnant durant la pré-révolution n’était pas préférable. Cette 9ème édition est donc l’occasion de dénouer ces problématiques, en proposant des approches renouvelées et des pratiques innovantes pour améliorer le fonctionnement des organisations publiques.
Olfa Ben Slimane, Directrice Générale au Ministère de l’Enseignement Supérieur, a indiqué que la problématique est plutôt nouvelle et la soulever est une première en Tunisie. “Il est temps de prendre conscience que la transformation des organisations publiques a un impact direct sur l’économie et la société; et en tant que chercheurs, nous avons un rôle primordial à jouer, étant donné que tout ce qu’on fait a un impact sur les évolutions de cette problématique, et nous devons améliorer les modes de management public, car il y va de la performance dans la chose publique”.
Abdellatif Hamam considère la participation citoyenne comme un fondement de la démocratie que la Tunisie est en train de construire, annonçant au passage la tenue de la conférence annuelle, en partenariat avec l’Institut International d’Administration Publique, les 25 et 29 juin qui portera sur la résilience administrative, à la nouvelle Cité de la Culture, précisant que ce sera également l’occasion d’aborder la thématique du jour.
Slim Khalbous n’a pas manqué de saluer le choix de ce 9ème symposium, informant que c’est une raison nationale qui l’a poussé à accepter l’invitation. “Le management public est l’un des plus grands défis d’aujourd’hui, car les institutions publiques n’ont pas suivi les mutations auxquelles nous assistons depuis la révolution. La liberté de parole a fait qu’une multitude d’acteurs entrent en scène et la décision n’est plus hiérarchique”. Slim Khalbous témoigne que le rôle du citoyen a changé, il est devenu contestataire, et il faudra du temps pour qu’il devienne un acteur du développement. Cet état d’esprit ne peut être instauré du jour au lendemain. Aujourd’hui, il existe une multitude d’acteurs, qu’il y a lieu d’impliquer dans les décisions, mais d’un autre côté, il y a l’impératif d’accélérer la prise de décision. C’est là où réside tout le challenge des politiques. La recherche scientifique peut être la solution pour le changement. Mais nous avons un grand manque de spécialisation et l’université doit se spécialiser pour devenir une force de proposition”, a-t-il conclu.