À Kélibia tout ou presque rappelle la mer. À commencer par le port, le centre vital de la ville.
Par Mohamed Gontara
Nous sommes ici dans l’épicentre de cette Méditerranée longtemps terre nourricière de la civilisation. Nous sommes à Kélibia. Une ville tunisienne, distante de 103 kilomètres de Tunis.
Située à la pointe nord-est du Cap Bon, Kélibia est à seulement 70 kilomètres de l’île (italienne) de Pantelleria. Et de l’ancienne Clypea — le ‘b’a été remplacé par le ‘p’ par les Arabes, vous pouvez apercevoir par beau temps les côtes italiennes.
Le spectacle de la ville est évidemment plus aisé à partir du Borj, un fort la surplombe. Il est situé sur une colline haute de 150 mètres. Le bâtiment a été érigé vers le VIème siècle par les Byzantins.
Même si l’emplacement a servi de citadelle par les conquérants qui ont précédé les Byzantins. En témoignent les vestiges puniques et romains découverts sous le fort. Comme il a été utilisé par les conquérants qui ont succédé à un moment aux Puniques et aux Romains : les Espagnols et les Turques.
Un fort visité à tout prix. On y accède grâce à une rampe qui mène vers les restes d’une chapelle byzantine. Une muraille entoure ce fort qui comporte des tours carrées. D’où on peut avoir une vue superbe sur toute la ville et sur ses environs.
Le chemin qui mène vers le fort est habité par une végétation luxuriante. Partout, on respire les senteurs des acacias et des mimosas qui ont ici un peu plus qu’ailleurs droit de cité.
Nul part ailleurs, on ne peut sans doute mieux observer le port de Kélibia. Un des plus importants de la Tunisie : 15% de la production de poissons du pays.
Dans la mer qui fait face à lui, on pratique la pêche au lamparo. Une technique qui consiste à attirer le poisson par la lumière. Un projecteur est fixé pour l’occasion au bateau.
Le lieu est une place forte des vacanciers. Qui viennent s’offrir, aux premières heures du jour, un barbecue poisson. Ou déguster un beignet tout chaud.
Le port peut accueillir également quelque 40 bateaux de plaisance ne dépassant pas 20 mètres de long. Au grand bonheur de vacanciers ou de personnes de passage qui peuvent obtenir ici des services de base.
Même si la ville n’est pas dotée d’une importante infrastructure touristique, comme Hammamet ou Nabeul, Kélibia est largement prisée par nombre de vacanciers aussi bien tunisiens qu’étrangers.
Nombre de pancartes annonçant l’offre de studios, d’appartements ou encore de villas meublées ou non font leur apparition dans les artères de la ville dès qu’il commence à faire chaud : en mai et juin de chaque année. Placées dans les commerces ou encore aux coins de rue, elles attirent le regard des passants.
Et il y a de quoi : la ville dispose d’une des plus belles plages du pays. Une plage bleue azur et de sable fin. Et il faut se rendre à la plage de la Mansourah ou encore à celle de Hammam Ghezzaz, qui se situe à quelques kilomètres, pour se rendre compte de la beauté du site.
Mais ce qui attire souvent les touristes, c’est bien souvent le calme qui règne dans la ville, même au plus fort du mois d’août connu pour être un mois d’ « encombrement touristique ».
A Kélibia, nous sommes bien loin de l’affluence d’Hammamet, de Nabeul ou encore de Sousse, et du tintamarre des klaxons.
La circulation est, malgré tout, assez facile, fait savoir Ali Z., un commerçant de la ville qui a pris le pli de louer deux studios à des vacanciers sfaxiens. “Ici, les taxis payés à la place sont toujours disponibles”, précise-t-il. “A l’exception peut-être des samedis et dimanches”, tempère-t-il.
Comme on peut continuer à goûter, nous dit-on, aux plaisirs simples. Par exemple, aller manger un poisson dans un restaurant situé dans l’enceinte du marché. Après l’avoir acheté et nettoyé chez un poissonnier : un restaurateur se fera un plaisir de vous le préparer et de vous le servir avec une salade fraîche.
Et que de vacanciers tunisiens profitent d’un séjour à Kélibia pour s’acheter des meubles. Une vingtaine de showrooms s’imposent à vous dès l’entrée de la route venant de Tunis. L’industrie du meuble est une réalité dans une ville largement connue pour ses artisans menuisiers
La période estivale est du reste bien propice pour goûter aux charmes de la ville et de ses environs. A commencer par les charmes culinaires. Outre le poisson, Kélibia et ses environs offrent une viande des plus prisées.
Et il suffit de faire quelques kilomètres et moins d’une trentaine de minutes pour aller acheter celle-ci. A, par exemple, Menzel Temime (15 kilomètres et 20 minutes).
Dans les mêmes agglomérations qui entourent Kélibia, il est possible de s’acheter de la volaille, des fruits et des légumes de ce Cap Bon qui produit 15% des denrées agricoles de la Tunisie.
Et si par une matinée ou une après-midi, on souhaite aller changer d’air, il n’y a que l’embarras du choix. On dit qu’une cité vaut beaucoup par son environnement. Et il n’est pas bien faux de le dire lorsqu’on visite la ville d’El Haouaria.
Une trentaine de minutes seulement pour parcourir les quelque vingt-six kilomètres qui séparent Kélibia d’El Haouaria. Outre sa plage de sable fin et la fraîcheur de son climat (rarement plus de 30 degrés l’été), El Haouaria est connue pour la richesse de sa faune.
Des milliers de cigognes et de rapaces viennent séjourner à El Haouaria. Avant de faire leur traversée de la Méditerranée.
La ville est du reste largement célèbre pour son festival de l’épervier, utilisé pour la chasse. El Haouaria est à la 50 ème édition de cette rencontre. Un monument surmonté de la statue d’un faucon est placé à l’entrée de la ville.
Mais El Haouaria est sans doute encore connue pour ses grottes. Des grottes situées à trois kilomètres du centre-ville creusées pendant la domination carthaginoise et romaine. Pour en extraire les blocs de pierre. Qui ont, entre autres, servi à construire une partie de la médina de Tunis.
Autre attraction, des environs de Kélibia : Kerkouane. Là aussi peu de temps (une vingtaine de minutes) pour parcourir les 14 kilomètres qui séparent la ville de Kélibia. Une fois arrivés, les visiteurs ne peuvent qu’être éblouis par une cité punique parmi les mieux conservées au monde.
Avec quartiers, rues et demeures. Huit hectares qui offrent une idée de ce que fut l’Etat carthaginois et ses splendeurs passées. Dont des demeures toutes dotées de baignoires.