Étude
La Tunisie dispose d’un secteur automobile développé, avec plus de 229 entreprises. Bien qu’il ne soit pas en crise, la question se pose sur les perspectives d’évolution de ce secteur afin de contribuer encore plus au PIB national, à l’entrée des devises et à la création d’emplois.
Que faut-il faire pour améliorer la compétitivité du site Tunisie ? Pour répondre à cette question, une étude a été menée en coopération avec le ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie, le ministère tunisien de l’Industrie et du Commerce, la Tunisian Automotive Association (TAA) et l’AHK.
Les résultats de ladite étude ont été annoncés lors d’une conférence de presse, tenue le 3 février dernier, dans un hôtel de la place, en présence de Zied Laadheri, ministre de l’Industrie et du Commerce, Raouf Ben Debba et Martin Henkelmann, président et directeur général de l’AHK Tunisie, et Nabhen Bouchaala, président de la TAA.
Lors de son discours d’ouverture, Raouf Ben Debba a rappelé que l’Allemagne est le premier investisseur en Tunisie dans le secteur des industries automobiles avec 29 entreprises qui ont créé environ 30 mille postes d’emploi.
De son côté, le ministre de l’Industrie et du Commerce a déclaré que le gouvernement considère que le secteur automobile, et l’industrie automobile en particulier, est prioritaire vu qu’il arrive à exporter à hauteur de 5.650 millions de dinars et emploie plus de 80 mille personnes.
Faible employabilité des entreprises tunisiennes
L’étude a analysé environ 129 entreprises évoluant dans le secteur. La majorité d’entre elles dans le secteur sont tunisiennes : 114, contre 78 étrangères. Mais ce qui est paradoxal, c’est que la minorité étrangère emploie environ 75% de la main-d’oeuvre globale de ce secteur (59 523 contre 19 964).
Il en découle que les structures tunisiennes sont nombreuses, mais elles sont pour la plupart de petites entreprises, ce qui laisse entrevoir la possibilité de développer davantage leurs activités.
Pour les industriels étrangers, les Allemands et les Français se taillent, ensemble, la part du lion avec 29% et 25% du nombre des entreprises, respectivement. Les entreprises allemandes brillent encore plus en termes de création d’emplois avec 29 948 postes, soit plus de la moitié de tout le secteur.
Les clusters font la force !
Les changements à venir dans le secteur automobile portent sur de nombreuses opportunités pour les industriels tunisiens. Ainsi, les voitures à conduite automatique vont augmenter la demande sur les capteurs, les radars, les caméras, … Les véhicules électriques, de leur côté, vont engendrer une forte demande sur les moteurs électriques, les batteries, etc. Ce qui représente de nouvelles niches à exploiter pour les industriels tunisiens qui souhaitent développer leurs activités.
Afin de pouvoir saisir cette opportunité, l’étude propose la création de 4 clusters représentant les 4 pôles de l’industrie automobile locale, à savoir l’électronique, l’électrique, l’intérieur, et les véhicules utilitaires et spéciaux.
L’étude est allée encore plus loin en identifiant les acteurs majeurs de chaque cluster, ses points forts ainsi que les opportunités à saisir.
Les constructeurs automobiles et la Tunisie
La capacité de production de la Tunisie est infinitésimale comparée aux autres marchés de la région : 680 000 véhicules par an pour le Maroc, 313 000 pour l’Algérie et seulement 25 000 pour la Tunisie. Cependant, le marché tunisien présente un avantage de taille : la présence, en plus des marques étrangères, d’acteurs locaux.
La question qui se pose donc : contrairement à nos voisins, pourquoi aucun constructeur automobile ne s’est-il installé en Tunisie ? Pour y répondre, les auteurs de l’étude se sont dirigés vers ces constructeurs pour leur demander quelles sont les facteurs qui les ont incités à s’installer dans les autres pays? Parmi les réponses collectées, l’appui des autorités publiques et les incitations fiscales sont les plus fréquentes.
Qu’en pensent les constructeurs de la Tunisie ? Le bilan est mitigé.
Alors que notre pays jouit d’un bon niveau d’éducation, de salaires compétitifs et de proximité géographique avec l’Europe, de nombreux manquements sont à résoudre pour que les constructeurs pensent à s’installer en Tunisie.
Les constructeurs automobiles reprochent, par exemple, le manque d’incitations fiscales et de composantes importantes dans notre infrastructure telles qu’un port en eaux profondes et une zone franche dédiée à l’industrie automotive. La stabilité politique et le manque d’attractivité du marché local font également partie de cette liste.
Quelle solution envisager ?
L’étude a mis en lumière les nombreuses défaillances que le gouvernement doit corriger dans les plus brefs délais afin d’attirer les constructeurs automobiles étrangers en Tunisie.
“Nous allons mettre en place une task-force public-privé pour élaborer une feuille de route qui va nous permettre de concrétiser les recommandations de cette étude, ainsi que le suivi et la promotion du site Tunisie”, nous a déclaré Zied Laadhari.
De son côté, Nabhan Bouchaala a déclaré au “Manager” que cette étude n’est qu’une première étape et que d’autres plus approfondies vont suivre afin de pouvoir mettre en place un vrai plan d’action visant à promouvoir le secteur.